jeudi 12 avril 2012

Revue de blog #2 : Ne rien faire : une attitude parentale à développer d’urgence !

Une amie à qui j'exprimais mon admiration devant le comportement de ses enfants adolescents m’a un jour répondu « tu sais, je n’ai rien fait de spécial, je travaille beaucoup et ils ont grandi tout seul en jouant dans le jardin ». Et si finalement ma copine était dans le juste ?
C’est la question que je me suis posée en lisant différents posts proposés ces derniers mois aux vendredis intellos

Rares sont les enfants qui mangent ce que nous voudront. Influencés par les courbes de poids, les injonctions de notre entourage et les prescriptions médicales, nous nous désolons lorsque notre enfant ne mange pas le «  menu type "conseillé" à son âge ou lorsqu’il sort des courbes de poids. Or, si bébé mange moins, à partir de un an, c’est simplement parce qu’il grandit moins. Alors, « le travail du pédiatre n’est PAS de faire manger plus un enfant de faible poids mais de vérifier qu’il n’y a aucune pathologie sous-jacente. Si c’est le cas, soigner la pathologie permettra à l’enfant de retrouver de l’appétit, et donc du poids. Et si ce n’est pas le cas, que l’enfant va bien, alors c’est simplement que l’enfant a un petit appétit et une petite corpulence». De lui-même, l’enfant sait très bien réguler son appétit, à vouloir le forcer, ou même l’encourager, nous n’aboutissons qu’à dérégler son comportement alimentaire et faire des repas une expérience désagréable
image empruntée ici

Chez nous, on a toujours veillé à ne pas faire de la nourriture un sujet de conflit. Je choisis en général les menus, mais les Doux gardent le droit de manger ou non. Si un plat ne plaît pas, on passe tout simplement au suivant, voire au repas suivant. 
Pour Grand Doux, ce système fonctionne plutôt bien et nous n’avons jamais eu à nous soucier de ce qu’il mange car il a dans l’ensemble un solide appétit. Cependant, Minidoux, qui explosait les courbes de poids des premiers mois (à tel point que la PMI m’avait conseillé de lui sucrer un tétée, sans commentaire) est en plein dans sa période «appétit d’oiseau » . Pour lui un repas, c'est au plus deux trois cuillères de purée, quelques trucs picorés par ci par là dans nos assiettes, un yaourt qu’il met déjà un point d’honneur à manger seul ! Bien souvent, il manifeste son désaccord en hurlant lorsqu’on le pose dans sa chaise haute. C’est stressant pour une mère de retrouver  la plus grand partie du repas sur le sol de la cuisine ! J’essaye malgré tout de lui ficher la paix, et de me faire une raison en me disant qu’il mange pour lui et non pas pour me faire plaisir...

Je retiens les conseils de Vert Citrouille pour que le repas soit un moment agréable : laisser manger la quantité voulue, sous la forme voulue, dans l’ordre voulu… Bon jusque là d’accord, mais bien souvent chez nous le repas se passe dans les hurlements de Doux fatigués tout simplement parce que nous nous mettons à table trop tard ! Relâcher la pression, c’est bien mais anticiper l'est aussi !

Dans la même veine, pourquoi ne pas laisser non plus les enfants plus libres de leurs mouvements ? Muuuum  et Anna des Mouettes nous parlent de la motricité libre défendue par l’association Pikler/Loczy . Selon cette méthode "la liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit.”  C'est-à-dire qu’on ne va pas, par exemple, poser notre enfant en haut d’un toboggan, ou le maintenir assis s’il ne fait pas ces gestes de lui-même.
Chez nous les Doux ont pas mal de liberté, que ce soit à la maison ou à l’extérieur, on a décidé de leur faire confiance le plus possible. Je trouve que ça leur réussit pas mal, ils sont assez dégourdis et subissent finalement  moins de gamelles que leurs camarades bien plus protégés. Je pense qu’ils acquièrent à la fois confiance en leurs capacités et l’intuition du danger. Cependant, cette méthode recommande de ne  pas faire prendre à l’enfant une position qu’il ne pourrait pas prendre de lui-même, c’est la  théorie. En pratique, Grand Doux, vers 6 mois, ne pensait qu’à se tenir assis pour être à l’aise pour  manipuler les objets et pleurait si on ne le calait pas avec des coussins ! Le poser le dos sur un tapis garantissait à coup sûr des hurlements.  Ce que je retiens surtout de la motricité libre, c’est le fait de faire confiance à l’enfant et de n’intervenir que lorsque l’enfant en manifeste l’envie.

Enfin, quel parent n’est pas angoissé par la question de l’apprentissage de la lecture. Là encore, fichons la paix à notre progéniture : Geek mama nous rappelle la vision de Daniel Pennac, qui avant d’être écrivain fut professeur de français. Lorsque l’enfant rentre en CP, la lecture, plaisir partagé avec papa et maman devient une corvée : "Nous étions son conteur, nous sommes devenu son comptable ".
Etre le comptable de son enfant, du nombre d’heure passées à étudier, du nombre de compétences acquises sur son livret scolaire… Est-ce cela être parent ? Je ne le crois pas. En fait je suis même persuadée que l’acharnement des parents autour des résultats et des devoirs est contreproductif à plus ou moins long terme. Certains parents d’élèves étaient surpris lorsque, avant mon congé parental, je leur expliquais ma politique en matière de devoirs à la maison (sur ce douloureux sujet, vous pouvez aussi voir le post de Mamanmaispasseulement). Lorsque j’avais une classe, il n’y avait pas de devoirs, seulement des leçons (et encore), même en cycle 3, exceptionnellement des recherches ou un petit exercice d’application, mais surtout je proposais aux parents de ne pas forcer des enfants, qui ont déjà bien, en principe, travaillé durant la classe, mais d’instaurer un dialogue sur ce qui a été fait… Mon expérience en tant que parent d’élève est encore limitée, mais lorsque Grand Doux ramène son travail à la maison, je lui propose de m’expliquer ce qu’il a fait, ce qu’il pense avoir réussi, en me mordant au besoin la langue pour ne pas exprimer de jugement. Pour le reste j’essaie de lui faire confiance ainsi qu’à sa maîtresse, et, pour l’instant, ça marche.

Parents, lâchons prise, acceptons que les choses ne soient pas telle que nous le souhaiterions, soyons disponibles sans être envahissants, et beaucoup de choses iront mieux, ou du moins pas plus mal ! 

6 commentaires:

  1. Des souvenirs que j'ai de mon enfance, c'est un peu ça. Ma mère travaillait beaucoup, que ce soit pour son boulot d'instit ou à faire le ménage et avec ma soeur, nous jouions beaucoup dehors ensemble.
    On se prend parfois trop la tête maintenant.

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    1. C'est vrai, on a tendance à trop en faire, moi la première ;)

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  2. Récap très interessant, surtout que Charlotte est en plein dans la phase d'opposition et qu'en ce moment les repas c'est... hum... difficile! Jusque là les repas se passaient à merveille, elle mangeait de tout et en redemandait, mais depuis environ 1 mois quelle galère! Le récap de Julie Chall avait été écrit pile quand Charlotte a commencé à être "plus selective". Même si on sait que s'énerver ne sert à rien (j'ai d'ailleurs pu l'observer) parfois que c'est dur de rester calme!!!
    Pour ce qui est des chutes, je suis du même avis aussi, je la laisse faire ses propres chutes (dans la limite du raisonnable hein!!!) et la laisse se relever seule, ça "choque" parfois mon entourage qui se précipite pour l'aider etc mais est-ce aussi pour cela qu'elle est plutôt dégourdie (sans vouloir me la raconter hihihihi)?
    Pour l'école, on verra!

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  3. Les repas sont un bonne occasion pour les parents de tester leur capacités de comédien, dans le rôles des "grands indifférents" ! Pour le reste, tu peux pas imaginer le nombre de fois où les gens me préviennent que mes fils "vont tomber", c'est parfois énervant...

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  4. Oui tu as raison, quand on est trop "sur eux" dans la plupart des domaines c'est contre-productif.
    Mais pas facile de trouver l'équilibre entre les limites à poser, leur apprendre à apprendre, et les laisser découvrir et apprendre par eux-mêmes !

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    1. Oui, certaines limites dont incontournables, mais souvent nous nous embêtons pour des trucs qui finalement n'ont pas beaucoup d'importance. Et puis, il ne faut pas négliger aussi nos propres besoins de parents : parfois les expériences des enfants empiétent trop sur nos besoins, et là il faut savoir dire stop ! Le "métier" de parents n'est de toute façon pas simple...

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