vendredi 25 octobre 2013

Les Vendredis intellos font leur show ; venez neuroner grandeur nature !

L'an dernier, nous avions passé de bons moments avec les "neuroneurs" venus participer aux premières rencontres IRL des Vendredis Intellos
J'avoue avoir suivi le blog collectif un peu de loin ces dernières semaines (pourtant je fais partie des marraines, shame on me !), pour autant pas question de rater le week-end du 2 et 3 novembre ! En effet, grâce à l'énergie et à l'immense travail de la famille Déjantée, de Mme Sioux et Vermicel, nous allons enfin pouvoir remettre ça. 
Cette année, nous échangerons sur le très vaste sujet de la coéducation. Pour nourrir notre réflexion et nos discussions, les gentils membres du bureau de l'association des VI nous ont concocté avec amour plusieurs "conf'ateliers" : 

Le samedi, aura lieu une rencontre sur  "La co-éducation : un enjeu de société ?", animée par Marie-Claude Blanc. Un deuxième atelier animé par Christine Castelain-Meunier sera consacré sur la place du père, avec en ligne de mire la réforme du congé parental (ce qui promet des débats animés). Enfin, nous profiterons d'une conférence intitulée  " Ces histoires qu’on raconte aux enfants: la subjectivité et l’imagination comme fil conducteur de la transmission et co-éducation au sein de la famille élargie», animée par Brigitte Farjas, psychanalyste et psychothérapeute, spécialiste de la famille.


Dimanche matin, nous pourrons nous entretenir avec Jean Pierre Lepri, l'auteur du fameux "La fin de l'Education" sur "Pourquoi éduquer ?" : une question  pas si évidente que cela. 

Les rencontres auront lieu à la dans le 4ème arrondissement de LYON, à la Maison de l’Enfance et de la Jeunesse, 9 rue Dumont d’Urville. Pour le programme détaillé et les horaires précis, merci de cliquer ici

Pour celles et ceux qui ne pourraient vraiment pas nous rejoindre, notez enfin qu'un live tweet permettra de suivre les conférences à distance #VI2013


Je vous propose de lire sur ce blog mon compte rendu des rencontres 2012L'an dernier, Monsieur Doux et moi ne connaissions absolument personne, ce qui ne nous a pas empêchés de passer un très bon week-end.  L’ambiance sera sans doute détendue et bon enfant, alors n'hésitez pas à venir participer !  



mercredi 9 octobre 2013

Déménager avec les enfants, et y survivre !

La rentrée n'est en général pas une période de repos pour quiconque, et nous n'avons pas échappé à la règle. Déjà, et c'est une bonne nouvelle, l'ordinateur qui décide "du mouvement" m'a enfin attribué un poste. Du coup, même si tout n'est bien sûr pas parfait, je ne vais plus à l'école à reculons ! Plus de boule au ventre dès la veille au soir, je peux même envisager de reprendre à 75% l'année prochaine sans déprimer.

Autre changement, nous sommes passés à la vitesse supérieure de notre "opération maison" ! L'appartement vendu, nous avons dû trouver une location dans le quartier avant que la construction soit terminée, et faire notre premier déménagement avec les Doux. Autant dire que ce n'a pas été de tout repos, les affreux ayant la manie de déballer minutieusement, sous des prétextes divers, tout ce que nous venions d'emballer. Pendant deux semaines, nous avons trié, donné, jeté, et pas dans une ambiance très sereine...J'ai cru mourir étouffée sous des tonnes de fringues ou écrasée sous des piles de livres, nous avons eu notre dose de repas fast-food, et ce n'est que cette semaine que nous avons l'impression de respirer un peu ! 

Grand doux a plutôt bien vécu cette période, malgré sa fatigue (merci la suppression de la sieste à l'école...). Nous lui avons expliqué que l'appartement n'était plus à nous, qu'on nous a donné en échange l'argent pour terminer la maison, et que l'on ne vivrait plus jamais à notre ancienne adresse. Sa chambre ne lui manque pas, puisqu'il a toujours ses jouets préférés. Cela a été une autre histoire pour son petit frère : pas encore tout à fait ré-acclimaté à ne plus voir ses parents toute la journée, Minidoux, qui n'aime déjà pas les valises de départs en vacances a été franchement perturbé par le désordre. Lui qui n'a jamais eu un sommeil facile, a carrément refusé de dormir dans son ancienne chambre car, "c'est trop dur, y'a des monstres". Lorsqu'on a deux ans et demi et qu'on ne dort pas plus de neuf heures par jour, le comportement s'en ressent aussi. Heureusement le passage à un appartement plus petit fait qu'à présent les Doux partagent une seule chambre : rassuré peut-être de ne plus être seul, Minidoux dort mieux (espérons que ça dure un peu). Pendant la journée, il est aussi plus calme, moins touche à tout. A croire que le "déballage compulsif" est une façon comme une autre d'évacuer son stress ! 




Comme nous recommençons dans 6 mois, dès que notre maisonnette sera livrée, j'anticiperai un peu plus la gestion des enfants dans cette opération délicate : 
- je prévoirai un vrai mode de garde (en tout les Doux sont restés trois heures chez la nounou du grand, ce qui était largement insuffisant). Les Doux ont besoin d'attention et multiplient les bêtises dès lors qu'ils se sentent oubliés... 
-  je ferai une liste de ce qu'ils peuvent faire, afin qu'ils ne se sentent pas exclus : si Grand n'a pas voulu faire grand chose, cartons compris, Mini était ravi, un petit moment, d'appuyer sur les boutons de l'ascenseur, et de tenir les portes.
- En revanche, nous avons passé du temps à leur expliquer l'opération et il semble qu'ils aient bien compris, même s'il est vrai que le changement n'est pas énorme... Il existe d'ailleurs quelques albums jeunesse sur ce thème.
Autant dire que dans 6 mois nous serons devenus des experts. J'espère quand même que nous pourrons profiter de maisonnette un petit bout de temps avant de devoir remettre ça ! 

lundi 20 mai 2013

A l'école, on dort !


Il est 13h30. Les volets sont fermés. Chaque élève de petite section est couché sur sa couchette bleue. Il y a souvent 5 ou 6 élèves en moins que le matin, puisque les parents qui le peuvent gardent encore souvent leurs enfants l’après-midi.

 Chut, plus de bruit, « on dort, c’est la sieste ». Il y a ceux qui s’endorment à peine la tête posée sur leur oreiller. Il y a celui qui demande où est sa maman. Il y a celle qui demande si elle peut enlever ses chaussettes, pour les remettre 2 minutes plus tard. Il y a celui qui veut qu’on lui prête un doudou « le chat, non pas celui là, le chat gris » (en fait c’est une souris). Il y a celui qui bouge tout le temps, qui se réveillera avec un œil poché,  et qui ne se souviendra pas s’être cogné où que ce soit.  Il y a ceux qui disent ne pas avoir sommeil en se frottant les yeux. 

La maîtresse et l’Atsem demande le silence et demande aux enfants de ne plus bouger et de dormir ! Elles caressent les petites joues, remettent les couvertures en place…  Et incroyablement, au bout d’une vingtaine de minutes, ça fonctionne ! L’Atsem peut prendre une pause. D’une classe de 25 enfants, on n’entend plus que les respirations, quelques toussotements en hiver, et parfois le bruit vigoureux d’une succion sur une tétine.  C’est peut-être le seul moment de la journée où certains sont détendus. C’est aussi  le moment de prendre quelques instants pour les contempler, de s’attendrir de les voir encore si petits. Nombreux doivent être ceux qui prennent encore leur biberon, certains pourraient même encore téter…  Je réalise combien ils doivent être précieux pour leurs  parents et la confiance que ceux-ci nous font en nous les envoyant. Surtout, je me demande bien à quoi ils rêvent et quels trésors sont cachés au fond de chacun d’entre eux. Vont-ils parvenir à devenir pleinement eux-mêmes où se couleront-ils à leur tour dans le moule préparé par la société ? Quel sera mon rôle là dedans ? Oubliés les énervements éventuels du matin (non, vous n’êtes pas sur  le blog de la maîtresse parfaite). Grâce à cet îlot de calme au milieu d’une journée trépidante,  il est facile de se rappeler que ces enfants méritent le meilleur de nous.


A 14h15, je quitte le dortoir pour rejoindre la classe avec les –rares- enfants qui ne se sont pas endormis, en laissant la porte de communication entrouverte… Selon l’envie des « irréductibles » nous avançons le travail, faisons des arts visuels, des jeux de société…. Au plus tard, nous réveillons les autres vers 15h20. Beaucoup ont besoin d’un petit moment pour être tout à fait alertes, l’après-midi est plus le temps des histoires et des jeux que celui des Apprentissages (avec un grand A ;)). Avec des enfants reposés, l’ambiance de la classe est souvent plus détendue que le matin. Décidément,  prendre le temps de faire la sieste est encore loin d’être un luxe. 


mercredi 8 mai 2013

Ouhou, je suis encore là (chroniques d'une blogueuse dilettante)

Les quelques semaines qui ont séparé mes derniers billets de blog des vacances de printemps ont été à la fois stimulantes et éprouvantes.

Stimulantes car j'ai pu bénéficier d'un jour de formation syndicale pour m'échapper une journée à Lyon et assister à l'université de Printemps organisée par un syndicat d'enseignants. J'ai pu y glaner des idées pour la classe, certaines toute simples, à mettre en place tout de suite, d'autres plus ambitieuses (classe coopératives inspirées du mouvement Freinet, peut-être pour le jour où je serai en "vrai" poste). De quoi repartir un peu reboostée, et ce n'est pas du luxe ! En prime, j'ai même eu le temps de rendre une visite éclair à Mme Déjantée et ses deux plus petits ! C'est vraiment agréable de prolonger IRL nos rencontres virtuelles.

Autre temps fort du début de printemps : participer à une journée d'initiation à la Communication Non Violente, animée par Thomas d'Ansembourg. Rencontrer l'espace d'une journée des personnes ouvertes et passionnantes. Découvrir une autre façon d'être avec les autres, mais surtout avec soi. Il faudrait que je vous raconte ça plus en détail (tâche qui traîne sur ma "to-do list" depuis plus d'un mois, mais cela viendra).

Journées éprouvantes aussi, avec la remise du carnet d'évaluation dans l'école où je bosse... Devoir remplir une foule de cases pour 56 petits de 3 à 5 ans, sur des items aussi captivants que "nomme la couleur rouge", ou "lance des objets". Ce n'était pas fait pour arranger ce qu'il faut bien appeler une certaine lassitude professionnelle. Ces maudites "évals", conjuguées à des sérieux doutes et divers motifs d'énervement, font que j'avoue avoir compté les dernières semaines jusqu'aux vacances, je n'en suis pas franchement fière. Moi qui voudrait tant apprendre à profiter du moment présent. Grrr...

Arriver enfin aux vacances, profiter des Doux, emmener Grand Doux (re)visiter le baptistère de Grenoble qui date du IVème siècle (tous les batiments religieux lui font beaucoup d'effet, est-ce pareil pour les autres enfants ?). Et devoir attendre devant l'entrée du musée que Grand Doux, endormi dans la poussette de son petit frère pendant que celui-ci marche d'un bon pas, daigne se réveiller.

Profiter aussi d'une semaine en gîte aux VVF de Najac, en Aveyron. Toute la famille ADORE les vacances aux VVF (et le billet n'est pas sponsorisé, je précise ;). Les Doux sont allés au club enfant avec les gentilles animatrices pendant que, pour une fois, leurs parents ont pu visiter, randonner et même faire du cheval et du Tir à l'arc. Tout plein d'activités sont proposées aux adultes et aux familles (du massage au fitness, en passant par la peinture et la dégustation de produits locaux). On peut aussi ne rien faire ou profiter d'un bon bouquin pendant que les enfants jouent dans les nombreuses aires de jeu, ou avec les gentilles animatrices (qui ont, au passage, ma reconnaissance éternelle de mère fatiguée). Les Doux ont chanté, dansé, fait du poney et des petits bricolages. En plus, le village club où nous avions loué est dans un parc magnifique où la nature est préservée (c'est même un refuge LPO).... De là, nous avions une vue magnifique sur la forteresse de Najac, que nous avons visité avec nos monstres (pour ceux qui seraient tentés, prévoir impérativement un porte-bébé pour les plus jeunes, la tour est bien haute...).


Forteresse de Najac

Minidoux, lui, était émerveillé par le clocher

Vue de Najac depuis la forteresse, sympa non ?

 

Last but not least, la mascotte Boot'chouette, dont les Doux sont absolument fous, image chipée sur le site VVF
Nous avons vraiment passé une agréable semaine malgré le temps pluvieux. Depuis notre retour, nous sommes encore bien occupés puisque nous nous lançons dans l'aventure de la construction de notre future maison. A vrai dire, cela fait déjà plusieurs mois que nous sommes sur le projet, mais avec l'obtention du permis de construire, on passe à la vitesse supérieure. Un peu de souci en perspective, notamment avec le prêt relais et l'appartement qu'il faudra vendre sans trop traîner, mais ce sera j'espère un vrai bonheur que d'entrer dans quelques mois dans "une vraie maison" .

Voilà comment j'ai occupé ma longue absence bloguesque, qui ne sera sans doute pas la dernière... Merci 1000 fois à celles et ceux qui sont encore là.

PS : comme si tout ça ne suffisait pas, je rejoins l'équipe des marraines des vendredis Intellos, avec bientôt l'honneur de rédiger mon premier mini-débrief".



jeudi 4 avril 2013

Celui qui avait fêté ses deux ans

Presqu'un mois que Minidoux a fêté son deuxième anniversaire, et presqu'autant que ce billet traîne dans mes brouillons. Fichu temps qui passe décidemment trop vite.

Des yeux sombres, un regard décidé et des boucles blondes, un sourire, de l'avis de tous, fondant. Petit à petit, tu laisses derrière toi ton statut de "bébé fripouille" pour devenir "un vrai petit garçon".

Tes goûts se profilent :
- Tu aimes les animaux, au point de répéter en boucle pendant une heure "coucou, la vache" "coucou la vache"...
Enfin un troupeau à ta taille
 
- Tu adores les livres, surtout les imagiers et les "petits T'choupi"... Plusieurs fois par jour, tu viens nous voir avec un livre à la main en disant "Lis, Lis", et souvent avec toi, la lecture du soir se prolonge jusqu'à une bonne demi-heure. C'est d'ailleurs fou le nombre de mots que tu sais déjà nommer dans tes imagiers...
- Tu écoutes volontiers France musiques dans la voiture de retour de la crèche, et parfois, tu te lances même dans une impro vocale lorsque c'est l'heure de l'émission Open jazz
- Vrai "petit homme de ménage", tu es ravi lorsque nous te confions une éponge et aux anges lorsque tu peux aller chercher l'aspirateur. Ton âme de chercheur cause aussi beaucoup de dégâts domestiques, mais c'est une autre histoire.
- Parfois, tu me chipes mon pupitre pour t'installer devant et chanter, comme si tu déchiffrais une partition imaginaire. Fou rire garanti pour ton auditoire.
- Tu sembles savoir absolument tout de ce qui se passe autour de toi : où sont rangées les affaires de la maison, à qui appartiennent-elles... Et tu apprends, parfois hélas, très vite à t'en servir.

Ex "terrible one", tu fais aussi le plein de bêtises :
- Vider consciencieusement le sac de classe de ta mère, et sortir chaque feuille du protège-vue où je range mes "fiches" pour les froisser et les éparpiller dans la maison.
- Aller chercher le fouet électrique, le brancher sur le secteur (une envie de gâteau sans doute...)
- Jouer au conducteur au volant de la voiture, allumer le plafonnier, et mettre à plat la batterie...
- aller chercher les bouteilles de bière vide dans le carton que nous destinons au recyclage et tenter de trouver celle qui contient encore quelques gouttes....
- Faire la sieste. Mais uniquement à la crèche, où tu piques sans honte des roupillons de trois heures. Pour faire le plein de sommeil et ne t'endormir qu'à 23h30 le soir... A croire que tu rassembles toute ton énergie pour profiter de tes parents (qui eux aimeraient quand même mieux que tu dormes à 21h)
Le tout avec le sourire et un air de calme olympien.

Au palmarès des conquêtes de ta deuxième année, tu as appris à courir, à faire des bisous, à sauter, à parler (même si tu parles encore autant "le fripouille" que le français). Ta plus belle victoire aura peut-être été de devenir l'ami de ton frère aîné, avec qui vous êtes maintenant inséparables.
A quoi bon attendre que tes parents cuisinent un gâteau d'anniversaire, quand tu peux le faire toi-même ?

Merci à toi qui sais si bien embellir nos vies. Pardon aussi de ne pas toujours réussir à te comprendre comme il le faudrait. Si formidable, et parfois si déroutant, quelles surprises vas-tu encore nous apporter ?
 

jeudi 28 février 2013

Après une (demie) moitié d'année de classe, sentiments...

La moitié de l’année est déjà passée, et je finis ma troisième période un peu fatiguée, non pas tant physiquement car j’ai la chance de pouvoir être à mi-temps, mais plutôt moralement. Suite à ma reprise, je dois me coltiner des sentiments mitigés pour ne pas dire contradictoire…  Je suis titulaire de secteur et je remplace deux jours par semaine des collègues à temps partiel. Deux journées marathon, comme les connaissent beaucoup de parents, avec un départ à 7h40 de la maison et un retour trop souvent à 19h, une fois les Doux récupérés de leur crèche/ nounou. Deux grosses journées dans la semaine, ça peut paraître peu, mais c’est une grande part de ma vie  (d’où d’ailleurs une petite mise de côté du blog)… Ce métier demande un engagement physique, intellectuel et moral. Il ne vous laisse pas indemne. C’est son côté attirant, passionnant, mais risqué. On ne laisse pas ses soucis à la porte de la classe, d’où mon envie de poser par écrit mes sentiments personnels après 6 mois dans une nouvelle école, que je quitterai probablement début juillet.

Tout d’abord, je ressens une immense FRUSTRATION. J’ai envie de bien faire mon travail mais souvent je ne parviens pas à faire aboutir pleinement mes préparations à cause d’un manque de temps… Vivre avec un « Minidoux-qui-ne-dort-pas », en tout cas pas avant 21h30 ne facilite pas les choses. Comme la plupart des enseignants, je travaille parfois tard le soir, souvent les week-ends, toujours pendant les vacances scolaires et malgré ça j’ai l’impression de ne pas en faire assez. En même temps, j’ai envie de m’occuper pleinement de mes Doux, ces deux merveilles qui grandissent si vite.

J’ai envie d’une classe attentive et calme, et, comme je dois me couler dans l’aménagement des collègues que je remplace, que je ne peux arriver qu’à 8h le matin, je me heurte à des difficultés matérielles (où est passée cette maudite paire de ciseaux ?) facteur d’agitation et d’énervement pour tous. J’ai envie de mieux connaître mes élèves, pour mieux les guider, mais comme j’en ai quand même 55 que je ne vois que 6 heures chaque semaine, certains demeurent une énigme…  Je réalise qu’enseigner en école maternelle requiert quand même pas mal de connaissances (peut-être plus qu’en élémentaire) que je maîtrise insuffisamment et je rage de devoir bricoler par mes propres moyens, sans bénéficier d’une formation digne de ce nom. Je ne suis pas une enseignante très expérimentée, j’ai besoin de prendre du temps pour me poser, réfléchir aux apprentissages, proposer des activités où l’élève est véritablement amené à réfléchir. En classe, j’ai parfois l’impression d’être en apnée. Je sens que mes élèves ont besoin de pouvoir s’entraîner, de consolider les notions que je leur présente parfois au pas de course, et l’équipe me bouscule par rapport à des dates, date à laquelle on doit rendre les livrets, date prévues pour donner telle évaluation… J’ai besoin d’une organisation à la fois souple et rigoureuse, sans laquelle je crains de ne faire qu’un travail de surface (le « beau livret », le « joli cahier »…). Je dois sans cesse lutter contre l’érosion de ma motivation et Dieu que je n’aime pas ça… Un peu de lâcher prise ne me ferait pas de mal.

Je ressens aussi de l’ECOEUREMENT face au peu considération dont je souffre en tant qu’enseignante. Après des années de mépris et de dégradation de nos conditions de travail, bosser un jour de plus sans contrepartie, ça ne passe pas… Je vais devoir payer davantage pour faire garder les Doux, des jours entiers de crèche pour Mini, des heures et des repas supplémentaires chez la nounou du Grand, sans garantie que cette dernière accepte de travailler un jour de plus… Au moins 100€ par mois. Quid des activités extra-scolaires qui faisaient énormément de bien au Grand Doux et à laquelle nous devrons peut-être renoncer faute de temps pour l’accompagner ? De la joie de les retrouver tout les deux le mercredi ? Du recul facilité, pour ceux qui travaillent à temps plein, ce qui sera mon cas un jour, par ce jour « off » du milieu de semaine ?

Et voilà qu’on exige que nous travaillions maintenant deux semaines supplémentaires… On nous promet une concertation, vu comment s’est passée celle sur le mercredi matin, je n’y crois plus… Pourtant, va-t-on nous indiquer la recette magique pour travailler dans les classes le 10 juillet, lorsqu’il fera 35° dans nos préfabriqués ? Le but ne serait pas de permettre aux parents d’économiser deux semaines de centre aéré ? Sérieusement, ne seraient-ils pas mieux à la piscine ou en colo à la montagne, un 10 juillet ou un 20 août, nos mômes ? Deux mois de pause pour rire, s’ennuyer, rencontrer d’autres personnes, chambouler ses habitudes, est-ce vraiment inutile ? Etre plutôt que de toujours faire ? On me répondra que tous les enfants n’ont pas cette chance, c’est vrai. A la collectivité et aux citoyens de se mobiliser pour que tout les enfants puissent profiter de ces vacances…

On a le sentiment qu’il nous incombe de réparer tous les travers de la société, et avec le sourire en plus, puisque nous sommes des « privilégiés »… Pourtant les comparaisons internationales montrent que notre salaire se situe au plancher (pour ne pas dire à la cave) de ceux distribués dans les pays riches. Ras le bol.  
Peut-être qu'on pourrait aussi les garder le soir ? Merci à Jack de Danger école...
 

Je suis aussi DECOURAGEE de ne pas avoir un poste fixe : beaucoup de projets auxquels je rêve doivent rester dans les cartons (formation des élèves sur la gestion de conflits avec une association qualifiée, aménagement de la classe facilitant l’autonomie...). A cela s’ajoute L’ANGOISSE, comme chaque année, de trouver en septembre un poste impossible… Les profs se plaignent tout le temps c’est vrai, nous ne sommes pas malheureusement la seule profession à en baver, mais j’aimerai que dirigeants et opinion publique nous écoutent vraiment.

Rage aussi et TRISTESSE de voir l’indifférence à peine voilée de l’équipe (ou plutôt heureusement d’une partie de l’équipe) dans laquelle je suis cette année. Sentiment que puisque je suis à mi-temps et à titre provisoire, mon opinion ne compte pas : on ne me demande mon avis sur aucune date et lorsque je demande que certains conseils des maîtres soient organisés mes jours de présence pour que je puisse facilement y assister, c’est non… Dur.

Comme souvent dans les équipes où je suis passée les relations sont parfois difficiles.  Le point positif c’est que je m’aperçois de la répétition de certaines situations et me rends compte, pour faire court, que mon manque de confiance en moi et ma peur du jugement des autres n’y sont pas étrangers. J’ai envie que les autres adultes m’acceptent, moi quoi suis sans doute différente, vu ma formation ma personnalité et mon parcours pas très classique, mais je n’ai ni la capacité ni l’envie de me couler dans le moule de la parfaite instit’, en bref j’ai encore du mal à m’affirmer. Cette année, j’ai des relations très difficiles avec une des ATSEM dont certaines valeurs et façons de faire sont à l’opposé des miennes. Cela me chagrine, mais ça ne me démonte plus. J’ai même réussi à lui proposer d’en parler sereinement : bref,  je progresse et j’en suis plutôt CONTENTE.


Je suis plutôt satisfaite aussi des progrès que j’ai pu faire dans l’écoute des élèves. Déjà, j’ai banni les « ne pleure plus », « tu n’as pas mal »… A un gamin qui pleure le matin, je ne dis plus « arrête de pleurer et de faire des caprices » mais plutôt un truc du genre « je vois que c’est difficile de quitter ta maman pour venir à l’école ». Ce n’est pas forcément pour ça que le gamin va cesser ses pleurs (même si ça « marche » souvent), d’ailleurs ce n’est pas mon but, qui est plutôt de témoigner d’une bienveillance et d’une autre manière de faire. Consciente du risque de les enfermer dans un rôle, je ne donne -presque- plus d’étiquettes, je pratique –parfois- le compliment descriptif- au lieu de l’habituel « Très joli, très bien ». J’ai mis la pédale douce sur les sermons et les punitions, ce qui n’exclut pas quelques « remontages de bretelles ». Je suis assez FIERE de cela. Quand je parle aux parents, l’exercice demeure périlleux mais j’essaye d’expliquer des faits sans exprimer de jugements sur leur enfant… ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus jamais de clash (et c’est dur de faire avec cette incertitude quand je sais que des collègues se font menacer de la pire manière). Mais je me rends compte que, petit à petit, je vois d’une manière différente, et bien plus positive, le public avec lequel je bosse. En particulier, je suis TOUCHEE de la confiance que certains me témoignent. Confiance des parents qui me laissent leur enfant le matin, et je sais d’expérience à quel point c’est difficile.  Confiance des enfants qui viennent me voir lorsqu’ils ont un problème sans (trop) de crainte de se faire rembarrer. Je suis aussi RAVIE de mes petites réussites pédagogiques, d’une séance de musique nickel-chrome, de la qualité d’écoute lors de certains regroupements, de la compréhension de la quasi-totalité de la classe sur certains points, de l’intérêt que manifestent les élèves envers certaines activités, en particulier de leur soif d’histoires et de livres.

Voilà j’ai vidé mon sac, dans un billet plus personnel, mais que j’ai besoin d’écrire et de publier. Enfin, sur ma route, je commence à entrevoir que certaines difficultés pédagogiques, « disciplinaires » ou relationnelles ne sont pas que des obstacles, mais qu’elles sont aussi une occasion de progresser, en un mot une chance. Un changement de regard. Un long chemin aussi à entreprendre.

EDIT du 1er mars : Dans l'esprit de mes propos sur l'écoute, je viens de publier un commentaire des habiletés Faber et Mazlish concernant les relations parents/profs, je vous invite à le lire sur le blog collectif des Vendredis intellos
Hommage à Stéphane Hessel chipé aussi sur le blog Danger Ecole un peu hors-sujet, quoique, mais je ne peux pas résister ;)
 

vendredi 15 février 2013

Allaiter ou se soigner. Vraiment ?

Deux petites phrases entendues, ce matin, en déposant Grand Doux à l’école « J’ai été fatiguée avec cette grippe. Heureusement, comme j’allaite pas j’ai pu me soigner ».

Sans doute, celles qui me lisent un peu n’apprendront rien, mais allaiter, dans une majorité des cas, n’empêche pas de se soigner. Beaucoup de médicaments sont parfaitement compatibles avec l’allaitement, même si la plupart des notices, par précaution, mentionnent le contraire. En cas de doute, on peut passer un coup de fil à une association d’allaitement ou aller sur le site du CRAT qui indique la compatibilité des traitements avec la grossesse ou l’allaitement. D’ailleurs, pour la plus célébre des toubibs-blogueuse : « le CRAT est votre ami. Si la notice du médicament dit un truc, si le médecin dit un truc, si le pharmacien dit un truc et que le CRAT dit autre chose : c’est le CRAT qui a raison ».  Si le médecin a donné un traitement déconseillé avec l’allaitement, il existe souvent des médicaments plus adaptés qu'on peut lui demander de prescrire. Combien d’allaitements stoppés à contrecœur pour une sinusite, une angine ? Beaucoup trop sans doute… En partie à cause de médecins non informés sur l’allaitement. Lorsqu’on rencontre de tels professionnels, ce n’est pas facile d’oser faire valoir son point de vue.

Pourtant, je témoigne qu’on peut allaiter en étant clouée à l’hosto pour une vilaine méningite virale. Ne pas écouter le toubib des urgences qui m’affirme qu’il faut arrêter l’allaitement dès lors que la mère est fiévreuse. Ne pas écouter l’interne neuro de services qui me dit qu’il est temps, de toute façon, de sevrer mon grand bébé de 15 mois. Ne pas écouter l’entourage. Appeler la Leche league pour se renseigner sur la compatibilité du traitement antiviral. Trouver un médecin pro-allaitement qui me dit que Grand Doux ne recevra certainement pas plus qu’une toute petite partie de la dose pédiatrique, mais qu'en définitive, c'est à moi de décider. Continuer à allaiter mon fils lors de ses visites quotidiennes malgré l’effarement de l’équipe (j’ai quand même eu un peu peur qu’ils appellent la PMI). Trouver de l’aide dans le soutien de mon conjoint. Résister à ce qui est pour moi, finalement, un abus de pouvoir du corps médical, c’est possible, même ça nécessite pas mal d’entêtement et un peu d’information.

Dans le cas d’une grippe les choses sont quand même généralement un peu plus simples, on se repose et on prend du paracétamol, de l’homéopathie si on y croit, et on se rétablit en quelques jours, non ?

Ceci dit, je crois aussi que si le discours de certains professionnels de santé est aussi écouté et relayé, c’est qu’il peut aussi nous arranger.
Même si je suis une convaincue des bienfaits de l’allaitement, je conçois que des femmes n’aient tout simplement pas envie d’allaiter (pour ne rien vous cacher j’avais encore du mal à le comprendre il y a quelques temps, pas facile d’être tolérante !). Certaines personnes pensent que l’allaitement ne leur convient pas, pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elles et, en lui-même ce choix est respectable. On bassine les femmes avec les bienfaits de l’allaitement, sans prendre en compte, jamais,  leur ressenti.
Et qu’on nous inflige un discours plutôt contradictoire :
 -L’allaitement est bon pour la sante, si t’es une bonne mère tu allaites. Point barre.
- En plus d’être une bonne mère, tu te dois d’être une femme épanouie, de préférence qui bosse. Sois efficace, à l’heure et souriante au boulot, où de toute façon pas grand-chose n’est prévu pour que tu tires ton lait. Si tu es malade, prends vite un traitement qui va te remettre sur pied en moins de deux. Epicétout !
- Si tu allaites avec bonheur, c’est suspect aussi : Es-tu sure que ton bébé grossit bien ? Ton lait est bon ? Es-tu sure que tu ne vas pas le traumatiser ? Parce que l’allaitement, c’est bien, mais c’est quand même dur d’accepter notre condition de mammifère…

La mère sera de toute façon mal jugée. (Et on aura toutes les peines du monde à discuter de ce sujet sans que ça tourne au pugilat) Mais si, au fond, je me dis que, peut-être, pour quelqu’un qui n’a pas vraiment envie d’allaiter, invoquer une raison d’ordre médical est alors un alibi pratique. Plutôt que de dire que l’allaitement ne me convient pas ou plus, je fourni un alibi médical pour ne pas être jugée. Je suis soutenue par l’autorité « scientifique » de mon médecin, qui, fort souvent, n’y connaît guère plus en allaitement qu’un citoyen lambda. Dans ce cas, si j’arrête un allaitement qui, au fond de moi, me pèse parce que « je dois prendre des antibiotiques » ou que « bébé ne grossit pas assez », je redeviens dans les yeux des autres une bonne mère soucieuse de la santé de son enfant. C’est un moyen pratique de se dégager de la pression : critiquer les mères, quoiqu’elles fassent est un passe-temps national… Mais en même temps, en invoquant un prétexte médical, je propage une vision objectivement erronée… Et je contribue à décourager celles qui aimeraient bien tenter l’expérience, mais qui auraient besoin d’information plus justes. Quand est-ce que la société sera prête à entendre le « je n’ai pas envie d’allaiter, et je n’ai pas à me justifier» ? Quand est-ce aussi que nous aurons le courage d’affirmer nos choix ? Pas facile ? Chiche !


Sur le traitement de la femme qui allaite, le site de la LLL
Vous pouvez aussi allez faire un tour sur le site des vendredis intellos où, ce matin même, une contributrice témoigne de sa difficulté à savoir si son traitement est ou non compatible avec l'allaitement.

Joli timbre, est-ce qu'on a l'équivalent à la Poste française ?

lundi 4 février 2013

Celui qui était patraque


Ce matin, j’avais classe. Réveil donc à 6h25 pour moi. A 6h30, j’entends mon Grand Doux hurler. Il a sa voix des mauvais jours… Je vais le voir, je le trouve un peu chaud. C’est bien possible qu’il ait la grippe, vu que Minidoux et moi venons juste de l’avoir. Premier verdict du thermomètre : 37,9°. Mouais. Son père me soutient que ça température que je trouve quand même un peu limite, est la conséquence de la manie du Grand Doux de s’enfouir sous son gros duvet. Je vais bosser ou pas ? Franchement, je n’aime pas être absente, alors que je sais qu’il y a déjà une collègue malade et que nous avons peu de chances d’être remplacées. Je lève le Grand doux qui chouine et refuse de déjeuner, l’aide à s’habiller… Il est déjà un peu moins chaud. La théorie de M. Doux se vérifierait-elle ? Je reprends sa température : 37,5°. « Non Grand, tu n’as pas de fièvre, tu es juste fatigué, on part à la garderie ! ». M. Doux part avec Mini, je pars avec Grand qui répète en boucle « je suis malade, avec la maitresse, on fait la sieste l’après-midi, pas le matin ». Nous prenons l’ascenseur, arrivons devant le garage, Grand pleure carrément maintenant.

D’un coup, une petite voix intérieure me crie « Stop » : je réalise que je suis en train de ne pas croire mon enfant. Finalement, moi, la grande fan de Faber, Mazlish et autres Gordon, quel crédit je porte à la parole de mon fils ? S’il est malade à son école, il devra attendre de longues heures avant que son père et moi puissions nous libérer pour le reprendre. Est-ce que ma confiance en lui ne va même pas assez loin pour que je prenne le risque de sacrifier une journée de travail pour rien ?  Pourtant, j’ai souvent vécu des accueils de maternelle où à 8h20, des parents m’affirmaient que leur petit « faisait du cinéma », alors que je devais les rappeler une heure plus tard pour cause de grosse fièvre (la palme revient au jour où moins de 5 minutes après avoir été déposée en classe, une petite fille « qui n’avait pas envie de venir » vomissait à plein jets au milieu de la classe …)

« Très bien mon cœur, tu es sûr d’être vraiment malade ? »  Petit oui. « OK, on ne va pas à l’école ». Nous remontons à la maison, Grand doux se couche... La « vraie fièvre » a mis du temps à arriver, mais à présent, c’est officiel, Grand est vraiment malade, à tel point qu’il a fait les 300 mètres qui nous séparent du médecin dans la poussette de son frère…. Verdict sans surprise : syndrome grippal. J'ai bien fait de l'écouter.
 
coloriage enfant malade
Coloriage emprunté chez Tfou, dont nous avons fait aujourd'hui une bonne dose de Chuggington et autres...
 

vendredi 18 janvier 2013

Congé parental, un grand non à la réforme !


Le congé parental, avant d’avoir mon grand doudou, cela n’évoquait pas chez moi grand-chose… Enceinte, c’était clair, je reprendrais aux 10 semaines du grand Doux, mais à mi-temps, histoire quand même de pouvoir profiter de la future merveille. Sauf que, aux alentours du 14 juillet, et enceinte de 6 mois et demi, j’apprends que je suis nommée à 100 km de chez moi, ce qui ne laissait plus vraiment d’autre choix que de prendre les fameux 6 mois accordés dès le premier enfant, en attente d’une affectation plus compatible. Et bien, si le CP s’est imposé au vu des circonstances, j’ai vraiment adoré profiter à temps plein des 10 premiers mois du Grand doux, sans stress ou contraintes liées au boulot.

Pour Minidoux, je n’ai pas hésité, j’ai décidé dès le départ de prendre 1 an, même si les collègues prof des écoles qui font ce choix sont plutôt rares puisque le congé parental entraîne la perte du poste… Ces congés parentaux furent sans doute les périodes les plus épanouissantes de ma vie : j’ai pu profiter à fond de mes Doudoux, jouer avec eux, leur faire découvrir de nombreuses choses les connaître, les allaiter « à la demande »…

Disons le tout de suite, ce fut un déchirement de mettre Grand Doux à la crèche à 10 mois ( pour trouver en prime un poste pas terrible, mais c’est une autre histoire...). Minidoux son petit frère, lui, est entré à la crèche à 18 mois, lorsque j’ai repris mon boulot à mi-temps. Pour nous, c’est aujoiurd'hui un bon compromis : Minidoux devenu « grand bébé » s’amuse bien à la crèche et cela me permet de gagner un peu d’argent (après 15 mois de CP, les finances commençaient à s’assécher….)

C’est pourquoi le projet de réforme du congé parental , eh bien ça a le don de m’énerver…

 
Si j’ai bien compris le truc, le congé maternité passerait de 16 à 18 semaines, ce qui en soi, est plutôt une bonne chose. Le congé parental serait rémunéré environ 60% du salaire. Là où ça se gâte, c’est que la durée du congé parental serait réduite à 10 mois maximum, donc trois mois devant être pris obligatoirement par l’autre parent (comprenez le papa) . Selon un article du figaro du 3/12/2012 : " Jugé trop long et mal payé, le congé parental pourrait être réduit à un an et rémunéré à hauteur de 50% à 60% du salaire brut, soit 1500 et 1800 euros par mois, selon le quotidien Les Echos . De plus, une partie du congé serait obligatoirement attribué au père et serait non transmissible afin qu'il soit mieux réparti entre les deux sexes. Cette mesure permettrait «d'accroître le niveau d'emploi des femmes et de favoriser un meilleur partage des responsabilités parentales lors des premiers mois de l'enfant»."
En lisant ça, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer :
C’est vrai, certaines personnes se trouvent obligées de prendre un CP par absence de mode de garde… Le congé parental, est pour eux une sacrée contrainte, qui coute cher et qui n'est pas forcément bien vécue. Mais, il serait plus logique de s’occuper d’abord du nombre de places de garde ! Et pas à la façon du décret Morano, normalement bientôt abrogé, de grâce ! Il existe aussi un petit détail tout bête : en crèche et chez les nounous, les places se libèrent en septembre, lorsque les« grands » rentrent en petite section. Si vous voulez un bébé, calculez donc la date de conception pour que votre congé parental prenne fin pile le 1er septembre… Du n’importe quoi, vous dis-je.
Et puis, non, désolée, la question du mode de garde ne résout pas tout, on peut choisir de retourner bosser aux trois mois de son gamin, pourquoi pas, mais on peut aussi CHOISIR de rester à la maison pour s’en occuper… On peut CHOISIR d’avoir moins d’argent, de mettre sa carrière de côté, parce que premiers sourires et premiers pas, eh bien ça ne s’achète pas. Un bébé n’est pas un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite, désolée. Et pour certains, donner son bébé à garder est un déchirement, pas une libération.
D’après ce que j’entends autour de moi, les personnes qui prennent des congés parentaux classiques en sont en général satisfaites de leur vie familiale. Celles qui ne le font pas invoquent surtout des obstacles financiers : bien des personnes trouvent leurs enfants bien plus intéressants que leur boulot.
Etre en congé parental, ne le cachons pas non plus, cela permet aussi de s’éloigner quelques temps d’un travail lorsqu'il représente plus une source de souffrance que d’épanouissement. Et pourquoi pas de réfléchir à une nouvelle carrière... Vaut-il mieux être en congé parental ou sous antidépresseurs ? Le gouvernement s'est-il interrogé sur le peu d'enthousiasme des mères de familles à aller travailler ? A t-il pris des mesures significatives sur la santé et le bien-être au travail ?
Le projet nous vante aussi un « meilleur partage des responsabilités parentales ». Là je n’accroche pas non plus : pendant 18 mois, je suis restée à la maison pendant que M. Doux allait bosser, dur, rapportant au passage de quoi payer la maison et remplir le frigo. Peut-on dire que M. Doux n’a pas exercé ses responsabilités parentales, qu’il est un père indigne préférant boire des bières avec ses collègues après le boulot plutôt que de s’occuper de sa progéniture ? C’est vrai que ce partage des tâches est traditionnel, mais est-il forcément rétrograde s’il correspond aux aspirations des deux membres du couple ? En outre, on a un peu du mal à imaginer l’atelier de M. Doux privé son responsable pendant trois mois, à vrai dire il me semble quasi-impossible que mon cher et tendre puisse prendre un tel congé, car les personnes qualifiées pour le remplacer ne voudraient jamais venir que trois mois… Alors que moi, fonctionnaire lambda, je demeure beaucoup plus facile à remplacer (d’ailleurs, ça fait partie des raisons pour lesquelles j’ai passé ce concours) … Si une telle mesure avait été mise en place, M. Doux aurait du y renoncer, (et Minidoux aurait perdu trois mois de « présence parentale »), ou bien donner sa démission… Bonjour l’insertion sur le marché du travail ! Ceci dit, je trouve que ménager du temps de congé pour le père demeure une bonne idée, mais pourquoi l’imposer lors de la première année ? Au cours de son enfance, l’enfant aura besoin de son papa à certaines périodes : par exemple, Grand doux se désole que son père ne puisse jamais venir le chercher à l’école. Pourquoi ne pas aménager sur une année civile quelques jours où un père devrait sortir plus tôt ?
Pourquoi aussi seriner les mères sur les bienfaits de l’allaitement si c’est pour les forcer à reprendre le boulot ? Oui, c’est vrai, on peut allaiter et travailler, mais pas toujours… Que les profs qui ont envisagé le tire-lait dans une salle de classe sans volet et sans serrure, lors de la pause méridienne, lèvent le doigt ! Et je ne parle pas de l’enthousiasme des employeurs pour appliquer la loi sur « l’heure d’allaitement » (qui au passage, ne s’applique que jusqu’aux un an de l’enfant, c’est bien connu, « à un an, plus un bébé ne tête, ma pauv’ dame, à cet âge, c’est de l’abus sexuel »… )
Chacun d’entre nous vit des situations différentes, nos conditions de travail, de vie, nos envies ne sont pas les mêmes…. Je ne vois pas comment un gouvernement pourrait décider de ce qui est bon pour nous dans une sphère aussi intime que la famille, à moins de nous prendre pour des demeurés.
Quant à la plus grande facilité de réinsertion professionnelle, j’ai des doutes. Quand Mme (ou M.) retournera bosser après avoir déposé son môme à la crèche (dans la situation où elle aurait des places), elle ou il aura peut-être changé : Fini les réunions à 19h, fini le temps où l’on ramenait du travail à la maison, l’enfant est là, il se fout que papa/ maman aient du travail urgent à terminer… Le problème c’est que les collègues des parents, sa hiérarchie et même la société tout entière, risquent de mal le juger : ne manque-t-il pas de motivation, ce salarié qui demande un temps partiel, c’est louche non ? Mais, les qualités que le parent aura peut-être développées pendant son congé parental, écoute, patience, empathie, organisation, seront-elles pleinement reconnues ? Ce n’est pas une simple loi qui suffira à changer des mentalités si bien ancrées, ce n’est pas une loi sur la famille qui réduira le culte de la « performance économique »…
Au passage, ça vous évoque rien, « un congé parental plus court et mieux rémunéré ». Ben oui, il s’agit du Complément Optionnel de Libre Choix d’Activité (COLCA pour les intimes) , congé auquel ont droit les parents de trois enfants, et qui court jusqu’au 12 mois du petit dernier, à condition de renoncer au congé parental « classique » . Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette option n’est pas un succès, car il ne concernerait que 2% des parents (selon cette étude, ménée tout de même sur un échantillon très réduit), la majorité se déclarant non intéressée par cette option . Et une des raisons de son insuccès serait justement, une durée trop courte ! Pourquoi alors généraliser autoritairement un dispositif boudé par une majorité des familles…
Un autre truc que le projet ne nous dit pas, c’est ce que deviendra la possibilité de congé parental « à mi-temps », plutôt intéressant financièrement . Devrons-nous alors reprendre à plein temps ? Personnellement, je crois que j’envisagerais de changer de métier, même si j’aime le mien, pour une activité qui ne demande pas de travail à la maison (essayez ne serait-ce que de découper des formes géométriques pour préparer sa classe de MS en présence de deux jeunes Doux et vous comprendrez….). Celles qui le pourront choisiront peut-être de démissionner (ça été le cas d’une amie, mère de trois enfants, dont le temps partiel a été refusé), voire d’entamer une formation d’assistante maternelle pour compléter les revenus de la famille, mais où est le vrai choix là dedans ?
Bien sur que j’ai envie que la société évolue vers plus d’égalité, le problème c’est que ce projet de réforme fait porter le poids du changement sur les parents eux-mêmes, et sur les parents seulement (je dirai même, une fois de plus, surtout sur les mères qui sont celles qui en pratique verront leur possibilités rabotées). Comme je l’ai dit, à chaque famille ses choix, à chaque famille ses raisons légitimes, matérielles, affectives ou morales…. Cette réforme fera peut-être le bonheur de certaines familles, pourquoi alors ne pas étendre le dispositif du COLCA à ceux qui le souhaitent dès leur premier enfant et laisser les autres tranquilles ?
A moins que l’idée soit de nous faire bosser encore un petit plus, nous les feignasses de françaises. Qu’on nous foute un peu la paix, à nous et à nos mômes !


 

 

vendredi 11 janvier 2013

Délires de Doux

Aujourd'hui je ne travaille pas.  Accompagnée de Minidoux,  je reprends son Grand frère à la sortie de l'école.  A côté de la voiture,  il y a une barre métallique portée par deux vieux plots de béton.  Les Doux s'y précipitent.  Ça tombe bien,  j'ai un peu de temps pour les laisser jouer. 
Et pendant une vingtaine de minutes,  par la magie de l'imagination du Grand Doux,  le mobilier urbain devient tour à tour, margelles de piscine,  ligne d'eau sur laquelle il s'agit de passer dessus/dessous...  Puis la barrière se transforme en bateau dont Minidoux est le mousse, en vagues d'une mer déchaînée,  en câble de bateaux remorqueur,  puis de téléphérique... Je me régale en écoutant ses histoires et en les voyant si complices.  Mais où Grand va-t'il chercher tout ça ?

Je vous souhaite à tous une année 2013 riche en petits et gros bonheurs.
J'ai du mal à donner des nouvelles en ce moment,  principalement par manque de temps,  mais j'espère me rattraper car le blog me manque.  A bientôt donc...