vendredi 28 novembre 2014

Dis moi comment tu jettes...

Du 22 au 30 novembre, c'est la semaine européenne de réduction des déchets. J'ai toujours eu du mal avec les poubelles pleines, témoins du gaspillage dans notre société. Réduire ses déchets,  c'est d'abord contribuer à préserver l'environnement. C'est aussi réduire les coûts engendrés pour traiter ces déchets et faire de sérieuses économies sur notre budget personnel. Faire attention à ce que l'on jette m'oblige à avoir un regard plus critique sur ce que nous consommons,  et à faire souvent de meilleurs choix .
C'est ainsi que, dès le naissance du Grand Doux, en 2008, nous avons décidé d'adopter les couches lavables.  Je n'utilise pas ces couches à 100% ( de toute façon la crèche les refuse,  c'est une autre histoire ),  mais j'ai très peu de couches dans ma poubelle.  Je n'achète quasiment plus de cotons ni lingettes pour Doudouce,  pour qui la toilette se fait le plus souvent à l'eau et au savon.  En contrepartie,  il y a d'énormes bassines de linge à gérer,  mais je ne suis pas sûre que ce soit beaucoup plus fatigant que de trimballer des cartons de couches et de descendre des sacs poubelles puants. Depuis peu,  j'ai opté pour la fantastique coupe menstruelle,  adieu les infâmes tampons et serviettes ! La poubelle de salle de bain à fondu comme neige au soleil.
Bien que je fasse une bonne partie de mes courses à l'hypermarché du coin,  j'essaie d'éviter le suremballage, avec des exceptions pour les goûters que les Doux prennent au parc et pour lesquels ils plébiscitent malgré tout les briquettes de lait et les paquets de biscuits.
J'essaie d'acquérir le réflexe de proposer les objets dont nous n'avons plus besoin mais aussi la nourriture que l'on aura guère le temps de préparer ou consommer.  Je conserve certains emballages qui recyclés/détournés feront le bonheur de l'école ou du centre aéré. Je me méfie des jouets de mauvaise qualité,  rapidement cassés et irréparables. 

Minidoux, ce qui est dans le composteur RESTE dans le composteur
Mais le magicien de la réduction des déchets depuis que nous sommes en maison, c'est notre composteur. Au départ,  je suis une fan du compostage,  c'est amusant et vraiment intéressant à faire découvrir aux élèves. Lorsque nous habitions encore en immeuble, je faisais partie de l'équipe de bénévoles du point de compostage collectif du quartier. Par manque de place sur le site et pénurie de bénévoles pour remuer/transvaser les bacs,  les dépôts étaient limités aux épluchures et aux légumes abîmés crus. Avec le jardin,  je passe à une autre dimension grâce à notre composteur individuel dans lequel où nous déposons TOUT nos déchets alimentaires, ainsi que les filtres à café,  sachets de tisane,  déchets verts... Voilà qui réduit bien de moitié la taille des poubelles !  Un coup de bêche de temps en temps et nous récolterons bientôt notre engrais maison.  Nous ne sommes pas encore au top question gaspillage alimentaire,  mais le composteur aide à limiter les dégâts.
Bref,  la famille encore loin du zéro déchet (ce n'est pas vraiment mon but d'ailleurs) mais je suis plutôt contente d'avoir réussi à n'avoir que deux à trois sacs de trente litres en en "poubelle grises" par semaine.  J'ai du mal à impliquer le reste de la famille,  même si les Doux ont acquis le réflexe compost et s'intéressent au tri,  je rage de voir "mes hommes"  préférer le matin céréales industrielles dans leurs immenses emballages et jus de fruits en briques au lieu de tartines et fruits frais.  Pour réduire encore les déchets de la maisonnée, il faudrait préparer beaucoup plus de choses maison, ce pour quoi j'ai quand même du mal à trouver le temps avec mes trois loulous . J'avoue que voir les Doux se jeter sur des biscuits industriels au lieu des cookies maisons bio, et bien ça motive pas forcément...  Et il faudrait aussi que j'acquière le réflexe d'acheter plus souvent en vrac (et que les grandes surfaces le propose d'avantage),  qu'on mette un autocollant stop pub sur notre boîte aux lettres afin de mettre davantage au régime la poubelle du recyclage.  Encore un peu de boulot en perspective  !

vendredi 14 novembre 2014

Elle est calée ta fille ? (un bébé baba-cool)


Lorsque je discute avec d’autres parents, notamment à la sortie de l’école,  j’ai souvent droit au questionnaire habituel de la jeune maman.  Et j’ai parfois l’impression d’étonner.
A quelle heure fait-elle la sieste cette petite ?   Elle « se cale » ? Non Doudouce n’a pas d’heure de sieste,  elle dort quand elle a sommeil, étonnant non ? D’ailleurs elle n’a pas de lit, tout juste un petit side-bed dans notre chambre, que je n’utilise pas en journée car j’ai peur de ne pas l’entendre (j’ai perdu mon écoute bébé, qui n’aura servi que pour le gd). Doudouce sieste dans l’écharpe,  calée dans mon dos, sur le chemin de l’école, sur mes genoux pendant que j’écris ou twitte, parfois par terre sur sa peau d’agneau. Et non, je n’ai pas l’intention de la faire dormir à heures fixes. J’ai deux grands garçons qui ont besoin de bouger.  D’ailleurs, lorsque je sors, que ce soit pour aller chercher mes grands ou autre, je la mets le plus doucement possible dans l’écharpe ou le siège auto, et je prend le risque de la réveiller.
Sieste sur les genoux
Elle mange à quelle heure ? Je n’en sais rien. Je ne compte plus son nombre de tétées puisque Doudouce grossit normalement.  Et Doudouce tète lorsqu’elle en a envie… Est-ce qu’on vous savez combien de fois vous embrassez votre enfant dans la journée ? Non ? Et bien c’est pareil pour l’allaitement. 
Elle tète encore ? Et oui, c’est encore loin d’être la norme en 2014 qu’un bébé de 3 mois et demi soit encore allaité. Et pourtant...  Ceci dit, pas d’inquiétudes, celles qui biberonnent peuvent quand même être mes copines…
Tu arrêtes quand ? A ses 18 ans. Plus sérieusement,  il y a de grandes probabilités que Doudouce soit allaitée plusieurs années, jusqu’au sevrage « naturel ». Si c’est moi qui devait en avoir assez plus tôt (je ne m’interdis rien), le sevrage sera vraisemblablement « négocié » et très progressif.
Quand est-ce qu’elle aura SA chambre ?  Je n’en sais rien.  Pour l’instant nous n’avons rien préparé. A vrai dire, je ne vois pas l’intérêt d’une chambre pour un bébé. Les garçons ont envie que leur petite sœur partage leur chambre, mais la pièce est un peu petite pour caser trois lits. A voir donc pour trouver, un peu plus tard, une solution qui aille à tout le monde.
Ce doit être fatigant pour toi d’allaiter ? Non, ce n’est pas fatiguant, au contraire, ça me permet d’avoir un prétexte pour lire ou buller sur internet lorsque la puce tète. En revanche, m’occuper de trois petits enfants à longueur de journées, oui c’est épuisant (d’ailleurs si vous voulez m’en garder un, même un petit moment…)
Doudouce, elle ne serait pas mieux dans une poussette?  Je n’ai rien de personnel contre les poussettes. Doudouce a bien une poussette tank héritée de ses aînés. MAIS je n’ai juste plus envie de la prendre.  J’aime sentir ma fille contre moi dans la vieille écharpe que j’arrive de mieux en mieux à utiliser. D’ailleurs cette poussette ne rentre pas dans le coffre de la 207. Et ça me fait deux mains disponibles pour ses aînés.
Tu ne peux pas la laisser à garder un peu ? Tu serais plus tranquille pour (au choix) te reposer,  fêter l’anniversaire du Grand, sortir… Il m’arrive de laisser Doudouce une heure ou deux à des personnes de confiance, c’est parfois nécessaire, ou juste agréable de se retrouver seule. Mais d’ici  à  partir une demi-journée ou plus,  ce n’est pas encore le moment pour nous. Mais ça viendra. D’ailleurs Doudouce n’est pas un boulet,  elle a l’air d’apprécier de m’accompagner presque partout.
Est-ce qu’elle est sage cette petite ? Doudouce sait très bien s’adapter et communiquer. Doudouce est souvent de bonne humeur…  Ce n’est pas un bébé particulièrement épuisant, c’est vrai. Pour autant, je n’ai pas envie (du moins dans l’absolu, les soirs de fatigue c’est moins net) que mes enfants soient « sages ». J’ai certes envie qu’ils soient épanouis et coopèrent avec leurs parents, mais pas qu’ils se conforment en tout points aux désirs des adultes. Je souhaite juste que ce bébé grandisse bien et soit heureux d’avoir choisi notre famille.  

C'est à ces petites questions que je constate à quel point nous nous éloignons de la norme. On étonne. Si en général les réactions sont plutôt bienveillantes, on me dit parfois que je suis « baba cool », je sens de la désapprobation, même si ce n’est pas dit en face. Non, cette façon de faire avec ma fille n’est pas un effet de mode, conséquence de lectures glanées à gauche ou  à droite. C’est avant tout  l’expression d’un ressenti, l’envie d’être un peu moins matérialiste pour tenter de se concentrer sur ma relation avec Doudouce.  La volonté de se forger de bons souvenirs, précieuses ressources pour quand cette puce grandira, qu’elle prendra son autonomie et que les choses deviendront peut-être moins faciles. Et aussi l’espoir que cette éducation, que j’espère à peu près respectueuse, l’aidera à se construire sereinement

lundi 3 novembre 2014

Celle qui n'avait pas fait grand chose

En 2014,  on peut savoir en quelques clics ce que sont devenus nos camarades de classe ou de fac. J'ai parfois un pincement au cœur en découvrant, sur les réseaux sociaux ou au détour d'un moteur de recherche, les brillantes carrières de certains camarades de ma jeunesse (avocats, chercheurs, journalistes, musiciens et j'en passe). Non pas que je sois envieuse. C'est juste que moi, à l'âge où on devrait avoir déjà un beau brin de carrière devant soi, j'ai juste l'impression de n'avoir RIEN fait. Pas de vraie réalisations, pas de reconnaissance, pas même de jeunots à former à un métier...  Non, juste des vacations, des petits boulots et depuis 8 ans un job de prof' des écoles que je n'exerce qu'épisodiquement, et encore à mi-temps, pour cause de maternités successives.

Pourtant j'étais plutôt bonne en classe. Du genre à rentrer en classe prépa "pour éviter les premières années de fac", comme les adultes disaient à l’époque. Du genre à choisir une fac en fonction des probabilités d'y réussir facilement, et non pas de mes goûts. Du genre à écrire une thèse que j'ai mis TRES longtemps à terminer, que je n'ai toujours pas "digérée" et dont je ne suis même pas allée retirer le diplôme, pour cause de saturation extrême. Du genre à finir par passer un concours qui n'avait rien à voir avec ma formation initiale, parce que être instit' me semblait avoir plus de sens, et que j'avais besoin d'un boulot stable pour construire une famille. En même temps, si je me sentais en décalage complet avec le monde juridique, je ne suis pas réellement en phase avec mon boulot actuel. A chaque naissance, j'ai toujours ressenti un certain soulagement à l'idée de prendre un congé parental, comme une échappatoire à quelque chose de moyennement agréable. J'apprécie énormément certains aspects du professorat des écoles mais je me sens mieux avec mes Doux qu'en classe. Je crois être meilleure dans mon job de maman, finalement je me trouve moyennement efficace en maîtresse. L'an dernier, c'était dur pour moi de m'occuper des Doudoux, de préparer sérieusement ma classe (même à mi-temps) et de garder suffisamment d'énergie pour être bienveillante envers tout ce petit monde. D'autres y arrivent très bien, pourtant, mais pas moi. Je devrais l'accepter, mais je n'en suis pas hyper fière. Et toujours ces inconfortables sentiment de décalage, et de passer à côté de quelque chose (ma vie ?).

Ce manque d'épanouissement professionnel me chagrine, quand je vois mon mari passionné par son job, quand je vois les rencontres et l'ouverture que cela lui apporte, quand je réalise qu'un salaire plus correct pourrait m'apporter plus d'autonomie et de confiance (parce que PE à mi-temps, ça va quand même pas chercher loin dans la grille de salaire)...

En même temps, il y a les Doux et le lien unique qu'on a crée au fil des années avec les grands et qui se noue peu à peu avec la petite. Un lien tressé d'interrogations, d'immense fierté, de toutes petites choses douces, de sérieux ratages et de grosses colères, mais surtout de beaucoup d'amour. Trois paires d'yeux qui me regardent avec toute la confiance du monde. Trois enfants qui peuvent hurler de joie ou de tristesse, parce qu'ils savent qu'ils seront écoutés. Trois loulous sympathiques et ouverts aux autres. Trois qui ont l'air de trouver que la vie est plutôt belle.
Alors, je me dis que j'ai finalement pas tout raté. Et que peut-être ils m'apprendront à leur tour à m'épanouir.

PS: Merci les copines de Twitter pour avoir initié la discussion ce matin, (ça fait parler une thèse, même inachevée), elles se reconnaîtront...