vendredi 27 janvier 2012

Vendredis intellos : Ces rôles attribués aux frères et soeurs


Peu de semaines s’écoulent sans que notre entourage nous délivre son expertise sur le caractère de nos enfants. Depuis la naissance de Minidoux, tout le monde (et même moi je l’avoue) s’ingénie à lui trouver ressemblances et différences avec son frère. De l’avis quasi-général, Grand doux est un intellectuel imaginatif, sensible et réfléchi, alors que Mini est tendre, têtu, casse-cou et tonique (à tel point que nous l’appelons parfois « prof de sport » ou Druss la légende). Cette catégorisation précoce est-elle vraiment raisonnable ? C’est  la question que je me pose après avoir lu le chapitre « frères et sœurs dans leur rôle » extrait de Jalousies et rivalités entre frère et sœurs d’Adele Faber et Elaine Mazlish.
 

D’où vient ce besoin d’attribuer des étiquettes à nos enfants ? La volonté de leur donner une identité, la satisfaction d’avoir su déchiffrer leur personnalité, la reproduction de ce qui fut vécu dans sa propre fratrie… Je ne sais pas. Toujours est-il que nous n’avons pas conscience de restreindre leur champ des possibles en leur renvoyant une image stéréotypée. Minidoux est un bébé très vif ; son entourage l’imagine déjà en club de natation ou dévalant des pistes noires. En revanche, on me regarde toujours d’un air vague quand j’explique qu’il est également très attiré par les livres, comme si ça ne collait pas au personnage qu’on veut à tout prix lui attribuer.

Pourtant Faber et Mazlish expliquent qu’une fois les rôles distribués, les acteurs jouent leur personnage à la perfection et bien souvent jusqu’à l’excès. Par exemple, celui qui est considéré comme le "bon à rien" de la famille aura bien souvent tendance à en rajouter (« puisque mes parents me trouvent nul, ils ne vont pas être déçus ») au risque de graves conséquences sur sa vie. En revanche, celui qui a le rôle de l’enfant brillant souffrira de subir la pression parentale. Bien sûr, cette répartition attise les rivalités entre frères et sœurs : comment ne pas haïr « l’intellectuel » ou « le sportif » de la famille, quand tous les regards se portent sur lui… 


Mais, au-delà des épineux rapports fraternels, cette distribution de rôles ne va pas aider l’enfant à préparer sa future vie d’adulte. En effet, Faber et Mazlish rappellent que dans, plus tard, les enfants devront assumer beaucoup de rôles : « Aimer et être aimé ; diriger et exécuter ; être sérieux et se laisser aller ; vivre dans le désordre et mettre de l’ordre. Pourquoi limiter certains enfants ? »


Ces deux auteurs reconnaissent que « certains enfants possèdent effectivement des dons naturels qu'il faut bien sûr reconnaître et encourager. Mais pas au détriment des frères et sœurs. Lorsqu'un enfant s'approprie le domaine de ses compétences particulières, prenons bien garde d'en exclure les autres enfants. Et assurons-nous que les autres ne s'en excluent pas eux-mêmes. Méfions-nous des déclarations du genre : " C'est le musicien de la famille... " " C'est l'intellectuel de la famille... " " C'est le sportif de la famille... " " C'est l'artiste de la famille. " Aucun enfant ne devrait avoir le droit d'accaparer aucun domaine d'activité humaine. Il faut dire clairement à nos enfants que les joies de l'étude, de la danse, du théâtre, de la poésie, du sport appartiennent à tout le monde, qu'elles ne sont pas réservées à ceux qui ont des facilités particulières»


J’ai adoré lire cette dernière réflexion que je trouve particulièrement pertinente et qui dépasse les relations entre frères et sœurs. « La lecture, et tout ces machins, ce n’est pas mon truc » disent souvent les élèves, « ma fille n’est pas matheuse » disent leur parents. Cela veut simplement dire qu’ils se trouvent moins bons que les autres. Rien de plus, en tout cas rien qui ne justifie de bouder les livres ou de s’orienter dans une filière « sans maths ».  En effet, toutes ces activités font la richesse de l'humanité. En priver les enfants ou les amener à s’en priver eux-mêmes, au motif vaguement fallacieux du « don », n’est-ce pas les mutiler d’une partie de leur humanité ? Certaines connaissances se sont forgées au fil des générations, elles devraient être ouvertes à tous indépendamment des capacités. Les meilleurs deviendront peut-être de grands savants ou artistes, les autres se feront juste plaisir, ce qui n’est déjà pas si mal.
 

Pour moi, le seul rôle qui convient de donner à un enfant est celui d’expérimentateur. Pour comprendre le monde, mieux vaut le voir sous différents aspects : prendre à la fois le point de vue du savant et celui du poète en quelque sorte… Bien sûr, chaque enfant a une préférence, mais le temps de la spécialisation et de l’efficacité viendra à l’âge adulte (sur cette question, je vous renvoie à l’introduction du Bébé philosophe d’Alison Gopnik, dont je viens d’attaquer la lecture).

Faber et Mazlish prennent également l’exemple de l’apprentissage de la musique dans un passage que je trouve assez émouvant. Un des auteurs raconte la douleur ressentie quand ses propres parents décidèrent de lui faire arrêter ses leçons de piano au prétexte que sa sœur « musicienne de la famille » était plus douée que lui.  Ce passage m’a touchée car j’ai donné des leçons de musique et je témoigne que si certains enfants font des débuts plus « fracassants » que d’autres, cela ne présage pas de leur niveau quelques années plus tard. D’autres débutent plus modestement et deviennent en grandissant de très bons musiciens. Rien n’est joué au départ, à condition que parents et enseignants ne tirent pas de conclusions trop hâtives sur la non-capacité de l’enfant, générant un effet pygmalion à l’envers (des études ont montré que lorsque les professeurs trouvaient leurs élèves mauvais, ceux-ci finissaient par obtenir de mauvais résultats, j’en ai déjà parlé ici)…

La lecture de ce chapitre m’a donc convaincu d’être plus vigilante afin d’éviter le plus possible de donner à mes garçons de rôles préétablis. J’espère que nos efforts les aiderons un peu à se sentir proches en grandissant, et surtout qu’ils leur donneront la liberté d’être eux-mêmes…

Si l’approche d’Adele Faber et Elaine Mazlish vous séduit, je vous propose d’aller faire un tour sur le blog de Tournicoti Tournicoton, qui vous propose une présentation plus générale de l’ouvrage et sur le site des Vendredis Intellos où Vaallos nous présente des techniques pour ne plus comparer ses enfants au quotidien.
Artiste, sportif, bricoleur....Ici les rôles sont clairement distribués, mais on est chez les Barbapapas !

mardi 24 janvier 2012

Modèles féminins : Marie Reynoard, une femme dans la Résistance

Phypa a lancé il y a quelque temps l’idée de présenter sur nos blogs, environ une fois par mois, une petite présentation d’une femme d’exception ou simplement « sortie des sentiers battus ». Avec cette initiative, Phypa espère contribuer à réduire les stéréotypes de genre et à proposer des modèles féminins bien plus riches que ceux que nous voyons à la télévision ou dans les magazines.  
Ce mois-ci, je vous propose le portrait de Marie Reynoard, figure méconnue de la résistance iséroise mais dont le parcours force le respect.

Née en 1889 à Bastia, Marie Reynoard entre à l’Ecole normale supérieure de Sèvres et en ressort agrégée de lettres en 1921. Après différents postes d’enseignante à Cahors, Aix et Marseille, et entre différents séjours en sanatorium du fait de sa tuberculose, elle est nommée en 1936 au lycée Stendhal de Grenoble.
Marie Reynoard, à 16 ans (Source Grenoble Mensuel décembre 93)

En 1939, elle organise l’accueil des Polonais réfugiés à Grenoble. Sa vie prend un tournant plus radical lorsque, au cours d’un voyage à Marseille, elle rencontre Henry Fresnay, qui dirige le mouvement de libération nationale, et se rallie avec passion à sa cause. Marie prend alors le nom de code de Claude. Grâce à elle, les premiers résistants grenoblois commencent à se réunir et à s’organiser ; un premier mouvement de résistance est crée dans la ville en 1941. Lors d’une réunion que Marie Reynoard organise dans son petit appartement, se décide la fusion entre le « mouvement de libération nationale » et le mouvement « liberté » : le mouvement Combat est né. Ce sera le plus important des huit grands mouvements de Résistance qui composeront le Conseil national de la Résistance.

Marie devenue Claude, organise, avec d’autres résistants tels Roger Collomb, Etienne Sprünck ou Robert Zarb de nombreuses activités risquées tels sabotages, propagande et autres actions clandestines. Selon Roger Collomb « il émanait de Claude une certaine autorité ; on sentait cette flamme dans se yeux. Elle parlait peu, allait à l’essentiel et limitait nos réunions à une demi-heure pour ne pas attirer l’attention».
(Source collection Musée de la Résistance en Isère)

A la rentrée 1942, Claude est arrêtée dans son lycée, sur dénonciation. Elle est incarcérée, suspendue de ses fonctions. Remise en liberté provisoire pour raison de santé, elle reprend ses activités de résistance à Lyon, cette fois-ci sous le nom de Claire Grasset. Trahie une nouvelle fois,  elle est emmenée au camp de Ravensbrück en février 1944, dans un convoi réunissant 960 autres femmes. A partir de septembre 1944, sa santé se dégrade terriblement. En janvier, 1945, elle est mordue par un chien lancé sur elle par un SS. Au terme d’une agonie atroce, elle décède en janvier 1945, quelques mois avant la libération du camp en avril 1945.

Malgré une santé très fragile, Marie Reynoard fut une femme passionnée. Connaissant les risques de la Résistance, elle n’hésita pourtant pas à s’y dévouer corps et âme, au prix de sa vie. Ceux qui l’ont connue la décrivent comme une femme impressionnante par sa beauté, mais surtout par sa culture, sa détermination et son intelligence. Certains témoignages montrent que, même dans l’horreur du camp de Ravensbrück, son comportement est resté exemplaire : on raconte qu’elle insufflait du courage à ses codétenues en leur racontant le mythe de Tristan et Iseult, comme un dernier rempart face à la barbarie.

Je n’ai trouvé sur sa biographie qu’un article de Wikipédia et deux (vieux) articles de la presse locale. A Grenoble, seule une avenue portant son nom et une plaque posée au lycée Stendhal rappelle son existence. C’était pourtant sans doute une femme exceptionnelle, aurions-nous eu ne serait-ce que le quart de son courage ?

jeudi 19 janvier 2012

Autour d’un automate...

Il aurait pu jouer dans Star Wars, ce beau robot
Ce matin je quitte ma banlieue pour le centre-ville de Grenoble. Entre deux lèche-vitrines, Minidoux roupillant dans sa poussette, je me dis que je ferais bien de déposer le chèque qui traîne au fond de ma poche au guichet de la Poste. Que nenni ! Remettre un chèque à un guichet, c’est une pratique presqu’aussi moyenâgeuse que l’interdiction du prêt à intérêt ou la prison pour dette. Bref, c’est complètement dépassé. Adieu guichetier, bonjour l’automate de remise automatique de chèques !

 Je dois dire que l’engin m’a bluffée : une fois mon chèque, pourtant un peu chiffonné par son séjour dans mon jean, introduit dans la fente ad hoc, il est scanné instantanément et son montant d’affiche sur l’écran. Je n’ai plus qu’à confirmer, rentrer mon numéro de compte, et prendre mon reçu. Le tour est joué !

C’est impressionnant de voir comment la technologie, moyennant quand même un petit effort du client, peut décharger les employés de tâches fastidieuses (il faut bien reconnaître que remplir un formulaire de remise de chèque n’est peut-être pas le job le plus épanouissant). Cependant, comment oublier que ce bel automate trônant dans le bureau de poste, c’est aussi sans doute du travail en moins dans notre agglomération ? Le tout dans une France qui compte quand même 4 millions de chômeurs ! Quand j’étais enfant, je pensais que dans les années 2000 nous vivrions entourés de machines qui nous faciliteraient la vie. Est-ce vraiment le cas ? Finalement, un tel bijou ne profite qu’aux entreprises qui les possèdent, sans souci d’allégement du travail. La technologie ne serait-elle pas confisquée à ceux qui en auraient besoin ? On peut aisément imaginer, en prime, que les grosses-têtes qui développent de tels systèmes se sont formées, d’abord dans le primaire et le secondaire, puis dans les prestigieuses grandes écoles, c'est-à-dire aux frais de toute la communauté…  Ladite communauté bénéficie-t-elle réellement de son « retour sur investissement » ?

Enfin, si une gentille opératrice se propose d’aider le client béotien à faire marcher la nouvelle bête, qu’en sera-t-il dans quelques temps, pour les personnes âgées ou peu à l’aise avec l’informatique ? N’est-ce pas imposer un fardeau supplémentaire aux personnes les plus fragiles et accroître leur isolement ? Ne risquent-elles pas de devenir des citoyens de seconde zone…

Enfin bref, voici toutes les petites réflexions qui me sont passées par la tête devant la super machine. Parfois, le progrès est quand même un peu inquiétant.

vendredi 13 janvier 2012

Vendredis intellos : De l'encombrant fardeau au merveilleux cadeau, un siècle d'éducation des bébés

En cent ans, l’image que nous avons des jeunes enfants a bien changé, passant d’une quasi-ignorance envers ce qu’on considérait guère mieux que des animaux à une grande sollicitude, dès le stade de fœtus, pour de véritables petites personnes. C’est la passionnante évolution qu’illustre le documentaire « Mémoires d’un bébé » diffusé le 3 janvier sur France 2.

J’avoue avoir pensé éteindre mon poste assez rapidement car, en début de reportage, l’allaitement est évoqué (brièvement) de façon très partiale à travers les témoignages de deux femmes : une a choisi de ne pas allaiter et l’autre déclare qu’elle souhaite allaiter peu de temps car, selon elle, « on ne peut se sentir femme en allaitant ». Je respecte bien entendu leurs opinions, mais en matière d’objectivité et d’image donnée à l’allaitement, admettez qu’on repassera…

A part ce petit reproche, le reste du documentaire est vraiment passionnant. Notamment, il nous est rappelé qu’au début du siècle, la mortalité infantile était très élevée : en 1945, ce qui n’est pas si vieux, un bébé sur 10 mourrait avant un an. Un enfant pouvait décéder des suites d’un rhume mal soignée, sans parler des ravages de la tuberculose. On comprend alors mieux le pourquoi des préoccupations hygiénistes de la médecine, peut-être inadaptées de nos jours, mais qui à l’époque avaient pour but la survie des enfants. Pour ne pas risquer de transmettre la maladie, les bébés étaient séparés dès la naissance de leurs mères tuberculeuses, sans qu’on ait conscience de la cruauté de cette séparation… Le discours médical normatif (le réalisateur fait la comparaison avec la standardisation des produits issue du fordisme) du début du 20ème siècle se développe au détriment des relations affectives.

C’est en fait la seconde guerre mondiale et son cortège d’horreurs qui va déclencher la prise de conscience de la sensibilité des enfants. Notamment, en 1940, les enfants parisiens sont évacués et séparés de leurs parents : rapidement, la plupart développent des troubles mentaux. A la même période, la jeune François Dolto met en lumière des troubles spécifiques aux enfants de pères prisonniers.

La médecine découvre alors que bon nombre de ce qu’on considérait comme des « tares » mentales sont juste la résultante de relations déshumanisées entre l’enfant et les adultes les prenant en charge (ce que résume  Mme Appel «  ils ne sont pas tarés, c’est nous qui les avons rendu comme ça »).

Après guerre, cette constatation va permettre l’explosion des travaux sur le psychisme des enfants. Arnold Gesell décrit très précisément le développement du nourrisson (et stresse une nouvelle  génération de mères qui ne retrouvent pas leur enfant dans ces nouvelles normes, mais c’est une autre histoire).  Terry Brazelton dévoile aux parents les capacités du nouveau-né, en particulier en matière de communication. On découvre que le fœtus a déjà de grandes compétences, mais il peut être affecté dans son développement par les conditions difficiles dans lesquelles vit sa mère : Boris Cyrulnik explique que les enfants nés sous les bombardements présentent à la naissance des retards de croissance et de maturation cérébrale. En bref, le bébé est enfin devenu une personne épatante, qu’il faut entourer des soins et des sollicitudes pour qu’il se développe pleinement.

Notamment, cette remarquable petite personne a besoin de contacts avec son entourage au même titre que de sommeil ou de nourriture. A la suite de Winnicott, les psychologues vont s’intéresser à l’importance de l’attachement. La science ne comprenait pas pourquoi les enfants placés en institutions ne se développaient pas et finissaient par mourir malgré l’hygiène et une nourriture saine : c’est l’hospitalisme. René Spitz décrit ce trouble et préconise d’y remédier en multipliant les interactions avec les enfants. Il filme le développement d’enfants de même âge, l’un vivant en orphelinat, l’autre avec ses parents. Si, à trois mois, le comportement des bébés est semblable, un gouffre se creuse au fil des mois, l’enfant placé ne grandissant pas et sombrant peu à peu dans la prostration. Inutile de dire que ces images sont très dures à regarder… Heureusement, une note d’optimisme est apportée par la psychologue Geneviève Appell (dont l'humanisme et l’intelligence transparaissent à l’écran) qui a soigné de tels enfants, jugés irrécupérables par les institutions. On voit un petit film sur la thérapie menée avec une petite fille et c’est fascinant de voir celle-ci s’ouvrir au monde au fil des mois, tout simplement parce que la thérapeute joue et parle avec elle. Plus près de nous, le documentaire nous apprend que ces recherches ont fait évoluer l’accueil en collectivités, et en particulier en crèches (celles des années 50 sont plutôt effrayantes) vers ce que nous connaissons aujourd’hui.

Une bonne place est faite également dans le documentaire à des images d’archives de Françoise Dolto, dans lesquelles elle explique sa démarche. J’ai été là aussi impressionnée par cette grande dame : mesurons-nous vraiment tout ce que nous lui devons ?

J’ai beaucoup apprécié de voir ces évolutions illustrées en images, qui en disent parfois bien plus long que des mots. Il y a des séquences insupportables : en particulier celle de l’expérience de « conditionnement » menée sur ce malheureux Little Albert (9 mois) dans les années 1920. J’ai tiqué aussi sur ces images de bébés parqués comme les poussins d’un élevage industriel, (tirées il me semble d’un reportage des années 50 ou 60 illustrant le baby-boom) … Tout cela en dit long sur la perception de l’enfant par la société il n’y a pas si longtemps.

La diffusion de ces travaux dans le grand public, conjugués à l’amélioration du niveau de vie, a changé également les demandes des parents vis-à-vis de la médecine. M. Naouri explique qu’au début de sa carrière, les parents lui demandaient de garder leur progéniture en bonne santé, pour qu’elle puisse rapidement aller travailler. Aujourd’hui, on lui demande plutôt des conseils pour éduquer ce qu’il appelle « des adultes de qualité »…

En revanche, le documentaire est je trouve moins intéressant lorsqu’il présente toute ces évolutions comme anxiogènes pour les parents d’aujourd’hui (on va jusqu’à nous dire qu’ils sont « paniqués »). C’est alors le retour des lieux communs sur la nécessité de la frustration et la difficulté à poser des limites (en plus, le seul exemple donné est je trouve particulièrement mal choisi). Heureusement, le mot de la fin revient à M. Naouri (pour une fois que je suis d’accord avec lui !) qui rappelle que chacun est à même de juger de façon autonome, et encore plus lorsqu’on à la chance d’élever ses enfants à deux…

Même si certains passages vous feront peut-être bondir, Mémoires d’un bébé est un excellent documentaire, qui fait réfléchir et donne vraiment envie d’en apprendre plus. Je vous conseille vraiment de le regarder si vous en avez la possibilité (il est disponible en VOD, et j’ai vu aussi sur la toile que le réalisateur avait également publié un livre sur ce sujet).

Et bien sûr, n'oubliez pas d'aller faire un tour sur le site des Vendredis intellos vous régaler des contributions des autres neuroneuses et des nouvelles illustrations de Mère Courage !

jeudi 12 janvier 2012

Genre et shopping

Nous partons  hier au centre commercial, Grand Doux, Minidoux et moi, avec en tête l’idée (saugrenue ?) de faire choisir à Grand Doux quelques T-shirts. Arrivés à la boutique d’une grande enseigne, je montre à mon garçon un portant bourré de t-shirts dont beaucoup me semblent sympas.
Verdict : « Non, ça  me plaît pas, je veux voir les habits de fille ! »
La vendeuse, passablement interloquée, guette mon approbation, puis nous accompagne de l’autre côté du magasin.
On regarde les articles. In petto, je me demande quelle tournure vont prendre les événements :
«  Ben tu vois, ça c’est des habits de fille, c’est joli mais ça fait, euh, ben, fille… ».
« Je veux des kikis »
 « ???? »
«  Je veux des kikis avec des chats »
Je comprends enfin : Grand Doux veut des vêtements « Hello kitty » ! Par bonheur malchance, le magasin n’en a pas…
Je propose alors « tu veux un t-shirt avec des chats dessus ? ». Grand Doux acquiesse.
Voilà comment la perle rare fut trouvée, au rayon garçon !
Grand doux est ravi de son choix

J’en retiens que Grand Doux, qui sait parfaitement qu’il est un garçon, n’est pas encore trop soumis aux stéréotypes de genre évoqués il y a quelques temps aux vendredis intellos, au point de ne pas hésiter à aller chercher du côté des fillettes un motif qui lui plaît. Je trouve cette absence d’a priori plutôt sympathique. Grand Doux a parfaitement le droit de jouer à la poupée (ce qu’il fait rarement) et à la dinette (qu’il adore). Néanmoins, s’il m’avait demandé de lui offrir un vêtement dans ce rayon, j’aurais certainement refusé (sauf peut-être à la rigueur quelque chose d’assez neutre). Il y a des usages et des règles implicites auxquelles il est bien difficile d’échapper !

mardi 10 janvier 2012

Bien au chaud, à deux sous le même manteau : Notre test du manteau de portage MaM coat

Si Minidoux adore être promené en BB-tai, il déteste en revanche être sanglé dans sa poussette, couvert d’un anorak, ou pire d’une combi pilote. Pour simplifier la galère de l’habillage en étant sûre que bébé reste au chaud, j’ai pris l’habitude d’enfiler une grande veste par-dessus le porte-bébé. Bon, lorsque l’hiver dernier, je portais un Minidoux nouveau-né en ventral, le système était encore gérable. Mais aujourd’hui, avec un gaillard de presque 10kg que je ne porte plus que dans le dos, le manteau classique n’est plus franchement adapté : impossible de le refermer, pénible les jours de grand froid, sans compter que le look laisse franchement à désirer.
Enfin bref, peu avant les fêtes je me suis alors décidée à acquérir un manteau de portage, un mam coat, reçu la veille de Noël. C’est un manteau vraiment pratique que Minidoux et moi ne quittons quasiment plus. 
Après Home sweet môme et son test du manteau Zoli, c'est donc à mon tour de vous proposer le test du MaM coat
Ce manteau, de style sport, est en microfibre doublé polaire. A l’intérieur, une membrane de PUL (le même tissu que l’on trouve dans les couches lavables) assure l’imperméabilité. Le bas et la taille sont réglables grâce à des bandes élastiques (comme sur les pantalons de grossesse). On peut aussi resserrer les manches. Pour porter son enfant, il faut agrandir le manteau en mettant l’insert fourni dans le dos ou devant suivant la technique de portage choisie.
L'insert positionné pour un portage dos
 Il y a des cordons dans le MaM coat passant à l’intérieur de l’insert afin de régler l’ouverture du manteau et de minimiser les entrées d’air à l’intérieur. On peut utiliser le manteau enceinte avec l'insert positionné en ventral,  mais il n'est pas possible de porter sur le côté, contrairement au manteau suze’s kinder (cela ne me gène absolument pas, je ne suis pas à l’aise avec ces techniques). Sans insert, on peut le porter comme un manteau basique.

Le manteau a plein de détails pratiques et trois supers accessoires :
-une capuche amovible pour le porteur 
- Un bonnet, réglable en taille et bien chaud pour l’enfant, il peut s’attacher au manteau par un petit cordon et servir de "repose-tête" lorsque bébé s’endort (un peu à la manière de l’appui-tête du mei-tai de Babylonia).
Le bonnet qui déchire, vu de dos
-Une petite cape en polaire destinée à protéger le cou et les épaules de l’enfant, qu’on peut accrocher au manteau en portage ventral
A passer autour de la tête de bébé
Pour l’enfilage, je n’ai pas rencontré de problèmes particuliers. Ma petite méthode pour porter dans le dos:

-          Enfiler la cape au Minidoux et lui attacher avec soin le bonnet s’il fait froid (Minidoux tente systématiquement de balancer tout ce qui se pose sur son auguste tête et l’opération bonnet ne sera plus possible après, à moins peut-être d’être contorsionniste diplômée de l’école de cirque).

-          Installer le Mini dans son porte bébé ou son écharpe.

-          Enfiler normalement le manteau, tirer sur l’arrière du col pour faire passer la tête du bébé (lequel n'est pas forcémennt ravi à cette étape). Ou, encore mieux,  enfiler le manteau façon « 1, 2,3, on lève les bras » en cours à la maternelle  : pour les non-initiés, on pose le manteau par terre devant soi l’étiquette du côté de ses pieds, on enfile les bras, et, hop, on fait passer le tout par-dessus sa tête). Avec un peu de chance, le trou passera pile sur la tête du bébé.

-          Tenter de remonter au mieux le tissu du manteau vers la nuque du bébé, resserrer l’insert à l’aide des petits cordons (ramenés à l’avant par les guide-fils à l’intérieur du manteau). Par contre, je ne trouve pas évident, surtout les premières fois, de mettre facilement le tissus sur le haut du corps de l’enfant lorsqu’on est seule. Même si je suis plutôt souple du dos et des épaules, j’avoue qu’il faut quand même se contorsionner. C'est un peu plus simple quand on utilise la méthode du 1,2,3 on lève les bras car le tissu se place naturellement plus haut.

Un peu fastidieux, je l’accorde, mais que du bonheur après ! L’enfant n’a pas besoin de grosse veste, ni même de jambières, ses extrémités demeurent bien chaudes. Le manteau est aussi assez chaud pour le porteur et protège sans problème de la pluie lors d’un trajet école maison en l’absence de parapluie. Par grand froid, j’aurais apprécié cependant une petite doublure polaire amovible supplémentaire car je n’aime pas beaucoup porter de gros pulls sous le bb-tai. Je trouve aussi qu’il manque une poche dédiée au rangement des capuches et accessoires (je n’arrive déjà plus à remettre la main sur la capuche adulte, aargh…).
Un Minidoux bien couvert
En résumé :
         Doudou glop :

-Le bébé est entièrement au chaud grâce à une ingénieuse cagoule et à la petite cape bien pratique
-imperméable, pratique et assez chaud
-beaucoup de réglages
- un prix très raisonnable, enfin pour un manteau de portage (autour  110 euros)
Doudou bof :


-          Pas de gilet intérieur amovible comme sur le suze’s kinder, même moyennant une option pour les jours de grand froid
-          Pas de poche pour ranger les accessoires
-          Un réglage de l’insert en portage dorsal pas très évident


 Malgré ces quelques petits reproches (il faut bien râler un peu), ce manteau est vraiment super si vous et votre petit bout êtes accros au portage. Minidoux et moi l’adorons et l’utilisons en ce moment tout les jours.  Un bon achat qui ne restera pas dans le placard.

Et vous qui avez des bébés ou bambins, avez-vous investi dans un manteau de portage ? Auriez-vous, vous aussi, des conseils sur ce sujet ?

mardi 3 janvier 2012

Bye 2011, hello 2012 ( avec des voeux inside)

Bye-bye 2011 :
-          Prendre un congé parental, dire adieu à l’école sympa à laquelle j’étais affectée pour un an.
-          Etre débordée malgré tout.
-          Avoir un mari bien occupé par son travail et devoir gérer l’essentiel de la vie quotidienne des Doux.
-          Débuter le violon, et faute de temps carrément négliger la guitare, ma première passion.
-          Et bien sûr accueillir notre deuxième enfant qui fêtera ses un an au mois de mars 2012.
-          Faire ses débuts de parents d’élèves, angoisser à la porte de l’école, et recevoir déjà la première fiche d’évaluation du Grand Doux (pfff….).
-          Découvrir les blogs, et satisfaire mon envie d’écrire et de partager mes expériences en ouvrant le mien.
-          Participer aussi souvent que possible aux Vendredis Intellos.
-          Fêter la fin de l’année pendant une semaine d’invitations et de visites ininterrompues, sous une pluie de cadeaux.
-          Se faire engueuler dans un restaurant par un client irascible pour cause de Minidoux hurleur et trouver que la cafét d’Ikea, finalement, ça a du bon…
-          Découvrir que Grand Doux a un sacré caractère
Hello 2012 :

-          Prolonger peut-être mon congé parental jusqu’à début septembre, inscrire le petit à la crèche et trouver une nounou pour le grand.
-          S’émouvoir devant les premiers pas, et peut-être les premiers mots du Minidoux.
-          Réfléchir à d’éventuelles orientations professionnelles, et trouver peut-être comment passer des rêves à la réalité.
-          Fêter le premier anniversaire du Minidoux et le quatrième du grand.
-          Stresser en l’attente de ma nouvelle affectation.
-          Passer plus de temps avec M. Doux.
-          Aller plus souvent au club d’aïkido et enfin parvenir à faire ces satanées chutes arrière (« ushiro ukemi » pour les intimes, dont je ne fais d’ailleurs pas partie)
-          Emmener Grand Doux au ski.
-          Continuer à entretenir le blog,  trouver de belles idées de posts…
-          Faire de la musique (enfin, autre chose que de chantonner bateau sur l’eau…)
-          Espérer malgré tout un changement politique, vers plus d’humanité, à l’occasion des élections
-          Préparer et fêter deux baptêmes.
-          Etre encore débordée.
-          Rêver pourquoi pas à un éventuel « Micro-doux » pour compléter la famille…
Je vous présente mes meilleurs vœux pour 2012. Je ne sais pas quels sont vos souhaits personnels mais je ne me tromperai pas en souhaitant pour vous et vos proches beaucoup de joies, une bonne santé, sans laquelle peu de choses sont possibles, et de beaux bébés pour celles qui en attendent.