Pourtant j'étais plutôt bonne en classe. Du genre à rentrer en classe prépa "pour éviter les premières années de fac", comme les adultes disaient à l’époque. Du genre à choisir une fac en fonction des probabilités d'y réussir facilement, et non pas de mes goûts. Du genre à écrire une thèse que j'ai mis TRES longtemps à terminer, que je n'ai toujours pas "digérée" et dont je ne suis même pas allée retirer le diplôme, pour cause de saturation extrême. Du genre à finir par passer un concours qui n'avait rien à voir avec ma formation initiale, parce que être instit' me semblait avoir plus de sens, et que j'avais besoin d'un boulot stable pour construire une famille. En même temps, si je me sentais en décalage complet avec le monde juridique, je ne suis pas réellement en phase avec mon boulot actuel. A chaque naissance, j'ai toujours ressenti un certain soulagement à l'idée de prendre un congé parental, comme une échappatoire à quelque chose de moyennement agréable. J'apprécie énormément certains aspects du professorat des écoles mais je me sens mieux avec mes Doux qu'en classe. Je crois être meilleure dans mon job de maman, finalement je me trouve moyennement efficace en maîtresse. L'an dernier, c'était dur pour moi de m'occuper des Doudoux, de préparer sérieusement ma classe (même à mi-temps) et de garder suffisamment d'énergie pour être bienveillante envers tout ce petit monde. D'autres y arrivent très bien, pourtant, mais pas moi. Je devrais l'accepter, mais je n'en suis pas hyper fière. Et toujours ces inconfortables sentiment de décalage, et de passer à côté de quelque chose (ma vie ?).
Ce manque d'épanouissement professionnel me chagrine, quand je vois mon mari passionné par son job, quand je vois les rencontres et l'ouverture que cela lui apporte, quand je réalise qu'un salaire plus correct pourrait m'apporter plus d'autonomie et de confiance (parce que PE à mi-temps, ça va quand même pas chercher loin dans la grille de salaire)...
En même temps, il y a les Doux et le lien unique qu'on a crée au fil des années avec les grands et qui se noue peu à peu avec la petite. Un lien tressé d'interrogations, d'immense fierté, de toutes petites choses douces, de sérieux ratages et de grosses colères, mais surtout de beaucoup d'amour. Trois paires d'yeux qui me regardent avec toute la confiance du monde. Trois enfants qui peuvent hurler de joie ou de tristesse, parce qu'ils savent qu'ils seront écoutés. Trois loulous sympathiques et ouverts aux autres. Trois qui ont l'air de trouver que la vie est plutôt belle.
Alors, je me dis que j'ai finalement pas tout raté. Et que peut-être ils m'apprendront à leur tour à m'épanouir.
PS: Merci les copines de Twitter pour avoir initié la discussion ce matin, (ça fait parler une thèse, même inachevée), elles se reconnaîtront...
L'éternel tiraillement entre la vie de famille, la vie de couple, la vie professionnelle... Tu n'es pas la seule à te poser de telles questions... Moi, j'ai l'impression de tout faire "un peu" et de ne rien faire à fond... J'aimerais faire tellement plus pour ma famille, m'occuper plus du petit et en même temps préparer mieux ma classe... Une de mes collègues dit qu'il faut faire "le deuil" de certaines choses...
RépondreSupprimerCourage ! Tu as 3 magnifiques Doux qui doivent bien te rendre tout ce que tu fais pour eux. Marie-Ange
Il faut savoir renoncer c'est sûr. Après faire la différence entre les renoncements qui t'aident à avancer et ceux qui t'eloignent du chemin, c'est pas toujours évident. Et, il y a parfois tant de pression extérieure, et tant de pression qu'on se donne à nous même, qu'on a du mal à y voir très clair ;-)
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