mardi 13 septembre 2011

Eduquer selon la méthode Gordon ; pourquoi pas ?

J’avoue, je suis une lectrice régulière de livres sur l’éducation… Tout d’abord, je travaille avec des enfants et on ne connaît jamais trop ce petit public remuant et bruyant. Ensuite, j’adore bouquiner, et comme je n’aime pas trop la télé et que mon cher et tendre squatte l’ordinateur après son boulot j’ai toujours au moins deux ou trois bouquins plus ou moins sérieux sous la main pour occuper mes soirées (enfin ce qu’il en reste). Bien sûr, nous avons à cœur d’éduquer nos doux le moins mal possible et comme nous sommes tous deux allergiques à la fessée, nous sommes encore à la recherche de quelques pistes. Enfin, les œuvres du Dr Thomas Gordon, psychologue américain, proposé au prix Nobel de la paix, et auteur chaudement conseillée par la Poule pondeuse, sont incontournables en matière d’éducation non-violente.

Il me tient à cœur de vous parler de cette méthode et aussi de comment on tente de l’appliquer chez les doux (enfin, surtout avec le plus grand). Je ne suis pas une spécialiste, je n’ai lu que « Eduquer sans punir » et « Parents efficaces aux quotidien ». Le premier présente une critique très argumentée sur l’inefficacité et la nocivité de tout système visant à corriger les comportements des enfants par des punitions ou récompenses. Cette thèse a intéressé la pauvre prof’ que je suis, qui a pu constater à ses dépens qu’utiliser la punition pour gérer une classe difficile pouvait davantage empirer la situation que la résoudre. En revanche, si des solutions sont présentées, elles le sont de façon un peu trop succincte pour être facilement applicables au quotidien. « Parents efficaces au quotidien » comble en grande partie cette lacune : j’ai tellement apprécié cet ouvrage que je l’ai illico refilé au papa, qui a remarqué au passage que cette méthode est universelle et pourrait aussi s’appliquer aux relations en entreprise.


L’idée de Gordon va à contre-courant de ce qu’on peut lire –presque- partout ailleurs (notamment M. Naouri, dont miss Brownie cite quelques extraits par là). Selon Gordon, si les parents peinent à être écoutés de leurs enfants (j’emploie le verbe écouter et non obéir, chez Gordon, les enfants n’obéissent pas), en particulier à l’adolescence, c’est par excès d’autoritarisme. Parents et enseignants s’érigent en censeurs de leurs enfants, portant envers eux des jugements et des paroles blessantes. Comme ces méthodes ne marchent pas, les parents sont tentés par une escalade de sévérité avant parfois de finir par baisser les bras et sombrer dans le laxisme. Ou bien alors, les enfants devenus adolescents (et donc «physiquement incontrôlables ») en viennent à rejeter toute ébauche d’autorité.

L’éducation selon Gordon n’est ni laxiste ni autoritaire. Elle repose sur l’écoute et la coopération rendues possibles grâce à l’emploi de méthodes de communication très précises.

Avec Gordon, l’idée est que parents et enfants communiquent sur un pied d’égalité. Il y a alors deux cas de figures radicalement différents.

1/ C’est l’enfant qui a un problème : dans ce cas, le parent doit pratiquer l’écoute active pour aider l’enfant à trouver SES PROPRES SOLUTIONS, qui fonctionneront mieux que celles prévues par l’adulte.

2/ Le comportement de l’enfant gène l’adulte. Alors l’adulte n’a pas à écouter, mais à exprimer sa gène à l’aide d’un MESSAGE JE, c'est-à-dire un message qui, sans émettre de jugement sur l’enfant, exprime objectivement et clairement le ressenti et les craintes du parent. L’enfant qui a l’habitude d’être écouté sera alors enclin à prendre en considération le désagrément causé et à modifier son comportement. Par exemple : Quand tu sautes sur le canapé, je suis contrariée car j’ai peur que tu finisses par l’abimer et je n’ai pas l’argent pour en acheter un autre (et non pas, « arrête tout de suite, j’en ai marre de ton agitation perpétuelle, bon sang, qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un excité pareil », même s’il faut parfois se mordre la langue).

Si l’enfant ne prend pas en compte ce message malgré les répétitions du « message- je», c’est que l’arrêt du comportement ne prend pas en compte ses propres besoin, il s’agit alors d’appliquer la troisième méthode.

3/ Lorsque enfants et parents ont des besoins a priori inconciliables, il convient de rechercher ENSEMBLE une solution respectant les besoins de chacun. Autoritarisme (première méthode) et permissivité (deuxième méthode) ne respectent pas les besoins des uns et des autres, il convient alors d’appliquer une résolution de conflit GAGNANT/ GAGNANT, c’est à dire la troisième méthode. Par exemple, Grand Doux a besoin de se dépenser alors que j’ai désespérément besoin de calme pour finir d’écrire. Il faut identifier clairement le problème (grâce à l’écoute active) afin de trouver des solutions satisfaisant tout le monde.

Je trouve cette méthode extrêmement intéressante. D’abord, il est facile de constater combien nous avons du mal à obtenir des comportements acceptables avec des méthodes autoritaires. Bien vite, nous entamons une escalade provocations/ sanctions et entrons dans un usant rapport de force pourrissant toute relation. En outre, les méthodes autoritaires nient l’existence des émotions et besoins de l’enfant, être par essence fragile et immature, ce qui ne me semble pas la voie pour une future vie personnelle épanouie. Surtout, le recours aux menaces, chantages et punitions (non pas que cela n’arrive jamais chez nous, la perfection n’est pas de notre monde…) ne concourt pas à former des adultes citoyens, capables de vivre en communauté et de relever les immenses défis de la société de demain.

Cependant, même si je trouve les principes très bons, leur mise en œuvre au quotidien est loin d’être évidente. Minidoux se livre à l’attaque des plantes vertes. Le Grand doux refuse de se laver, se cache sous la table pour faire enrager sa maîtresse. Que peut faire Gordon pour nous ? Pas facile… Mais ce sera l’objet de prochains billets.

2 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Je préfère de loin Gordon comme méthode de communication mais je complètetout cela par la méthode d'Aletha Solter pour les enfants pris par leurs émotions. Ce qu'on appelle la décharge émotionnelle.
    http://leblogstephany.blogspot.fr
    à bientôt

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  2. Merci pour avoir déniché et commenté ce "vieux" billet ! Il faudra qu'un jour je lise Aletha solter que je ne connais que par le blog de La Poule Pondeuse (et j'avoue que, d'après ce qu'elle en dit, je suis un peu partagée)

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