Sans doute, celles qui me lisent un peu n’apprendront rien, mais allaiter, dans une majorité des cas, n’empêche pas de se soigner. Beaucoup de médicaments sont parfaitement compatibles avec l’allaitement, même si la plupart des notices, par précaution, mentionnent le contraire. En cas de doute, on peut passer un coup de fil à une association d’allaitement ou aller sur le site du CRAT qui indique la compatibilité des traitements avec la grossesse ou l’allaitement. D’ailleurs, pour la plus célébre des toubibs-blogueuse : « le CRAT est votre ami. Si la notice du médicament dit un truc, si le médecin dit un truc, si le pharmacien dit un truc et que le CRAT dit autre chose : c’est le CRAT qui a raison ». Si le médecin a donné un traitement déconseillé avec l’allaitement, il existe souvent des médicaments plus adaptés qu'on peut lui demander de prescrire. Combien d’allaitements stoppés à contrecœur pour une sinusite, une angine ? Beaucoup trop sans doute… En partie à cause de médecins non informés sur l’allaitement. Lorsqu’on rencontre de tels professionnels, ce n’est pas facile d’oser faire valoir son point de vue.
Pourtant, je témoigne qu’on peut allaiter en étant clouée à l’hosto pour une vilaine méningite virale. Ne pas écouter le toubib des urgences qui m’affirme qu’il faut arrêter l’allaitement dès lors que la mère est fiévreuse. Ne pas écouter l’interne neuro de services qui me dit qu’il est temps, de toute façon, de sevrer mon grand bébé de 15 mois. Ne pas écouter l’entourage. Appeler la Leche league pour se renseigner sur la compatibilité du traitement antiviral. Trouver un médecin pro-allaitement qui me dit que Grand Doux ne recevra certainement pas plus qu’une toute petite partie de la dose pédiatrique, mais qu'en définitive, c'est à moi de décider. Continuer à allaiter mon fils lors de ses visites quotidiennes malgré l’effarement de l’équipe (j’ai quand même eu un peu peur qu’ils appellent la PMI). Trouver de l’aide dans le soutien de mon conjoint. Résister à ce qui est pour moi, finalement, un abus de pouvoir du corps médical, c’est possible, même ça nécessite pas mal d’entêtement et un peu d’information.
Dans le cas d’une grippe les choses sont quand même généralement un peu plus simples, on se repose et on prend du paracétamol, de l’homéopathie si on y croit, et on se rétablit en quelques jours, non ?
Ceci dit, je crois aussi que si le discours de certains professionnels de santé est aussi écouté et relayé, c’est qu’il peut aussi nous arranger.
Même si je suis une convaincue des bienfaits de l’allaitement, je conçois que des femmes n’aient tout simplement pas envie d’allaiter (pour ne rien vous cacher j’avais encore du mal à le comprendre il y a quelques temps, pas facile d’être tolérante !). Certaines personnes pensent que l’allaitement ne leur convient pas, pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elles et, en lui-même ce choix est respectable. On bassine les femmes avec les bienfaits de l’allaitement, sans prendre en compte, jamais, leur ressenti.
Et qu’on nous inflige un discours plutôt contradictoire :
-L’allaitement est bon pour la sante, si t’es une bonne mère tu allaites. Point barre.
- En plus d’être une bonne mère, tu te dois d’être une femme épanouie, de préférence qui bosse. Sois efficace, à l’heure et souriante au boulot, où de toute façon pas grand-chose n’est prévu pour que tu tires ton lait. Si tu es malade, prends vite un traitement qui va te remettre sur pied en moins de deux. Epicétout !
- Si tu allaites avec bonheur, c’est suspect aussi : Es-tu sure que ton bébé grossit bien ? Ton lait est bon ? Es-tu sure que tu ne vas pas le traumatiser ? Parce que l’allaitement, c’est bien, mais c’est quand même dur d’accepter notre condition de mammifère…
La mère sera de toute façon mal jugée. (Et on aura toutes les peines du monde à discuter de ce sujet sans que ça tourne au pugilat) Mais si, au fond, je me dis que, peut-être, pour quelqu’un qui n’a pas vraiment envie d’allaiter, invoquer une raison d’ordre médical est alors un alibi pratique. Plutôt que de dire que l’allaitement ne me convient pas ou plus, je fourni un alibi médical pour ne pas être jugée. Je suis soutenue par l’autorité « scientifique » de mon médecin, qui, fort souvent, n’y connaît guère plus en allaitement qu’un citoyen lambda. Dans ce cas, si j’arrête un allaitement qui, au fond de moi, me pèse parce que « je dois prendre des antibiotiques » ou que « bébé ne grossit pas assez », je redeviens dans les yeux des autres une bonne mère soucieuse de la santé de son enfant. C’est un moyen pratique de se dégager de la pression : critiquer les mères, quoiqu’elles fassent est un passe-temps national… Mais en même temps, en invoquant un prétexte médical, je propage une vision objectivement erronée… Et je contribue à décourager celles qui aimeraient bien tenter l’expérience, mais qui auraient besoin d’information plus justes. Quand est-ce que la société sera prête à entendre le « je n’ai pas envie d’allaiter, et je n’ai pas à me justifier» ? Quand est-ce aussi que nous aurons le courage d’affirmer nos choix ? Pas facile ? Chiche !
Sur le traitement de la femme qui allaite, le site de la LLL
Vous pouvez aussi allez faire un tour sur le site des vendredis intellos où, ce matin même, une contributrice témoigne de sa difficulté à savoir si son traitement est ou non compatible avec l'allaitement.
Joli timbre, est-ce qu'on a l'équivalent à la Poste française ? |
je fais partie de celle qui ne souhaitait pas allaiter... mais je le dis franchement, je ne trouve aucune excuse. En contrepartie, je ne suis pas du genre à faire une gueguerre! je trouve l'allaitement magnifique, je suis sure de tous ses bénéfices. Bel article!
RépondreSupprimerMerci, et c'est vrai que cette gueguerre n'apporte pas grand chose ;-)
SupprimerC'est vrai qu'au moindre truc les médecins préfèrent se protéger et appliquent leur principe de précaution ... C'est DINGUE quand même que la plupart d'entre eux n'y connaissent RIEN en terme d'allaitement et font foirer des allaitements pour lesquels la maman n'est pas assez confiante, pas assez informée, voire moyennement motivée (alors qu'avec de meilleures informations elle pourrait l'être plus)
RépondreSupprimerJe crois qu'ils n'ont que deux heures de formation prévues dans leur cursus. Et puis, la culture ambiante est quand même celle du biberon, alors...
SupprimerTrès bel article auquel j'adhère totalement. Je suis d'ailleurs effarée qu'on doive se battre pour ne pas avoir à choisir entre soin et allaitement...
RépondreSupprimerC'est pour cela qu'il faut diffuser l'information. En même temps, je me demande pourquoi ça reste aussi compliqué, c'est largement culturel je pense...
SupprimerJe viens de lire l'article de Clem sur les VI.
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est un peu surprenant au final l'absence totale d'étude d'impact des médicaments en cas d'allaitement, car cela concerne quand même pas mal de personnes.
Bravo à toi d'avoir sur tenir selon tes convictions, j'imagine qu'à l’hôpital c'est compliqué.
Je ne vais pas te dire que je n'ai pas douté... Pour les médicaments, on ne s'intéresse pas à l'allaitement puisqu'il est difficilement mesurable, pas tant que ça dans notre culture et qu'il ne fait pas vendre. Quand même, le billet de Clém soulève pas mal de questions, que d'interrogations pour elle...
SupprimerEn même temps, ça fait pas de mal de penser aux médecines naturelles avant de se jeter sur les médocs chimiques au moindre bobo...
RépondreSupprimerMais attention : naturel ne veut pas dire sans danger !
Désolée Emilie de te répondre si tard.. Un tabou sur l'inefficacité/dangerosité des médocs traditionnels est en train de sauter, ce qui ne veut pas dire que tous les médicaments "chimiques" sont néfastes... Je donne de l'homéopathie aux Doux, mon mari se moque, mais cela marche souvent, peu importe si c'est un effet placebo. Lorsque je suis malade, je me soigne de plus en plus souvent avec des tisanes et des huiles essentielles. Mais tu as raison, un produit naturel peut être dangereux et j'essaie d'être vigilante.
SupprimerTon article est très juste et je me suis beaucoup retrouvée dans ce que tu écris - même si j'en suis encore à la phase 'j'ai du mal à comprendre qu'on ne veuille pas allaiter' ;)
RépondreSupprimerJ allaite depuis 7 mois et malgré les difficultés rencontrées au début, je recommencerais sans problème. Je commence pourtant à entendre autour de moi certaines réflexions qu'il n'y avait pas avant les 6 mois de mon bébé.
Ce qui était bien vu 'dans l'ensemble' commence à être difficilement compréhensible quand j'explique que non, l'allaitement n'est pas terminé, que malgré la diversification ça reste ce qu'il y a de mieux pour mon bébé et que si j'en ai la chance, j'ai bien l intention d allaiter encore !
On est toujours jugé, et ce qui je trouve est le plus ahurissant c'est lorsque ça vient d'une autre mère. Comment peut-on critiquer ce qu'il y a de plus sain et naturel au monde ? Surtout quand on se dit vouloir le bien de son bébé ?
En tout cas, merci pour cet article :)
JoM
Très joli article !
RépondreSupprimerContinuons d'allaiter et ignorons tous ces ignorants qui veulent qu'on arrete ! :)