Très rares sont les femmes à exercer le métier de chef d’orchestre. Le monde de la musique classique n’admet que peu de femmes en son firmament, et encore moins dans les fonctions prestigieuses de chef d’orchestre. Claire Gibault y est pourtant parvenue, au terme d’un parcours difficile.
Née au Mans dans une famille de musiciens, Claire Gibault plonge très tôt dans la passion de la musique et obtient à 13 ans un premier prix de violon. Adolescente, elle dirige l’orchestre symphonique de la ville avant de rentrer dans la classe de direction d’orchestre du Conservatoire national supérieur de Paris, d’où elle ressort avec différents premiers prix en 1968.
De 1976 à 1983, elle est Directeur musical de l’Orchestre de chambre de Chambéry, puis de 1983 à 1989, assistante de John Eliot Gardiner à l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon. En 1995, Claire devient la première femme à diriger l’orchestre de La Scala. Elle dirige ensuite de très nombreuses productions à travers toute l’Europe et l’Amérique du Nord. Elle a aussi été chef d’orchestre adjoint auprès de Claudio Abbado pour le nouvel orchestre Mozart de Bologne de 2004 à 2007.
Faire une telle carrière demande beaucoup de talent et de ténacité car les femmes chefs d’orchestre sont encore mal vues. Le cliché selon lequel ce métier est trop éprouvant physiquement et moralement à la vie dure. De ce fait, les femmes subissent des vexations inimaginables (remarques déplaisantes, fausses notes jouées volontairement pour tester la compétence de la maestro). Dans différentes interviews accordées à la presse, Mme Claire Gibault explique que les femmes n’ont souvent d’autres choix pour tenter de se faire un nom que de diriger des œuvres pour le jeune public ou des pièces contemporaines qui demandent beaucoup de travail et qui seront peu reprises. Choisir sa tenue vestimentaire est également un casse-tête : une tenue trop coquette disqualifiera la femme chef comme une « allumeuse » alors qu’une tenue trop stricte entraînera des reproches sur son manque de féminité. D’ailleurs, alors qu'elle assiste Claudio Abbado à l’opéra de Vienne, dans Pellas et Mélisande de Claude Debussy, Claire se voit écartée de la fosse par l'orchestre qui ne veut pas d'une femme à sa tête. Des années plus tard, au Théâtre du Châtelet, l'Orchestre philharmonique de Radio France refuse à son tour sa direction. Lassée de ce traitement, Claire Girault décide de créer en 2010 son propre orchestre : le Paris Mozart Orchestra, ou la parité hommes femmes est la règle pour les postes de direction.
Par ailleurs, Claire Gibault a souhaité défendre la cause des femmes en entamant une carrière politique : elle a été députée européenne (UDF), membre de la commission de la Culture et de l’Éducation ainsi que de la commission du Droit des Femmes et de l’Egalité des Genres de 2004 à 2009. En 2010, elle est nommée Membre du Conseil économique, social et environnemental et élue Vice-présidente de la Section Culture Education.
Faire carrière dans des métiers traditionnellement dévolus aux hommes n’est pas une sinécure, même lorsqu’il s’agit de fonctions aussi prestigieuses que de mener des orchestres « à la baguette ». Voilà en tout cas un beau modèle féminin n’est-ce pas ?
Ce billet est ma contribution à l'initiative de Phypa "proposons des modèles féminins", vous pourrez retrouver d'autres bibliographies de femmes exceptionnelles sur son blog.
J'aime toujours autant tes billets sur ces femmes hors norme :)
RépondreSupprimerMerci, ce qui est super c'est que dès qu'on cherche un peu on en trouve plein, alors qu'elles demeurent trés peu connues.
SupprimerMerci Flo La souricette, je découvre encore une autre "grande dame" que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerEt l'éventail des possibles que nous pouvons proposer à nos filles s'élargit.
Bon mais chef d'orchestre pas facile quand même, hein !
Oui, il doit y avoir une sacrée compétition, et aussi des sacrifices du côté de la vie privée ( j'ai lu que Claire Gibault a adopté deux enfants, assez tard dans sa vie, mais je ne sais pas comment elle s'est organisée pour tout gérer). Mais ce doit être un métier génial !
SupprimerTrès interessant ce billet! C'est vrai que des femmes d'orchestre je n'en navais jamais vu. Dur dur de se faire une place dans certains métiers... Et de se faire respecter!
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